Titre : Tananarive
Scénariste : Mark Eacersall
Dessinateur : Sylvain Vallée
Parution : Septembre 2021
Ma critique d’aujourd’hui porte sur Tananarive. La couverture de cet album a attiré mon regard dès que j’ai reconnu le trait de Sylvain Vallée. En effet, je suis sous le charme de ce dessinateur depuis que j’ai lu la série Il était une fois en France. La première impression était donc positive. L’illustration présentait deux hommes accoudés sur une voiture apparemment en panne. La présence au second plan d’une girafe devant un panneau indiquant Dunkerque, Calais et Lille avaient de quoi intriguer. Où allait me mener cette aventure ?
Un voyage manquant d’intensité et d’émotion
L’histoire déboute au beau milieu d’une discussion entre deux vieux amis. Jo, l’un d’eux, semble avoir vécu une vie de baroudeur. Il conte ses aventures hautes en couleur à son copain, Amédée, notaire de province à la retraite. La soirée s’éternise. Les yeux du second brillent à l’écoute des discours du premier. Hélas, le lendemain, Jo décède et Amédée se trouve en charge de la succession. A cette occasion, il réalise que le passé de son ami n’était peut-être pas celui, exotique et sulfureux, qu’il lui contait…
Après cette mise en bouche, je pensais remonter le temps dans la vie de Jo et démêler au côté d’Amédée le vrai du faux. Il me semblait intéressant de voir comment le regard sur un ami pouvait changer après avoir appris qu’il nous avait menti toute sa vie. J’étais curieux de connaître la vérité sur le destin de ce personnage hors du commun. Cette vie était-elle fantasmée consciemment ou pas ? Pour quelles raisons ? La thématique me semblait intéressant et la lecture prometteuse.
Je dois bien dire qu’en refermant l’ouvrage, j’ai eu le sentiment que l’éléphant accouchait d’une souris. Les promesses ne sont pas suffisamment tenues à mon goût. La narration est finalement assez diluée et les rebondissements sont rares. L’enquête menée par Amédée est trop linéaire de mon point de vue. Le dénouement est à son image : pas désagréable mais sans réelle émotion.
Au final, l’intrigue se centre davantage autour du personnage d’Amédée que sur la mystérieuse vie de Jo. Amédée est amené à sortir de sa zone de confort. Ce parfum d’aventure et d’inconnu le chamboule et le questionne sur sa vie. Néanmoins, je n’ai pas trouvé cette réflexion et cette introspection si travaillée que cela. Je trouve que ce voyage manque d’intensité et d’émotion. C’est dommage car l’idée de départ est intéressante mais là encore sous-exploitée.
Mes quelques réserves sur l’ouvrage ne concernent pas les dessins de Sylvain Vallée. J’ai retrouvé son trait avec joie. J’y ai retrouvé la même personnalité qui avait sublimé le scénario de Fabien Nury dans Il était une fois en France. Sa capacité à faire exister les personnages et les lieux sont des atouts indéniables aux enjeux narratifs. Le travail sur les couleurs de Delf participe également à la réussite graphique de l’ensemble.
Vous l’aurez compris, je suis sorti mitigé de ma lecture. L’album ne manque pas de qualité mais il n’a jamais réussi à m’emporter. Peut-être mes attentes étaient-elles trop importantes ? Les critiques élogieuses qui ont accompagné sa sortie m’en avaient probablement fait attendre monts et merveilles. Une relecture dans quelques semaines me permettrait peut-être de modifier cette impression frustrante d’être passé à côté d’un joli voyage littéraire…