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Les bébés humains babillent avant de pouvoir parler, les oisillons aussi. Ces derniers produisent en effet des sons avant de maîtriser le chant adulte, selon une étude publiée dans la revue américaine "Science".
Des chercheurs de l'Institut de technologie du Massachusetts (MIT) ont étudié les cerveaux de bébés diamant mandarin (Taeniopygia guttata) au moment où les oiseaux apprennent l'unique chant qu'ils utiliseront adultes: ils s'exercent à produire des sons en continu.
"Les oiseaux commencent par babiller, comme les humains", a constaté Michale Fee, un des coauteurs de l'étude, alors que les oiseaux adultes produisent toujours le même type de sons. "Le parallèle entre le langage humain et celui des oiseaux est frappant", reconnaît le professeur de psychologie Bob McMurray, de l'université de l'Iowa, bien qu'il y ait d'importantes différences entre la structure du langage humain et le chant des oiseaux.
"Ce travail illustre que l'apprentissage du langage s'opère selon des principes très généraux (...) qui se retrouve à travers des espèces aussi différentes que le diamant mandarin et l'homme", ajoute Bob McMurray, qui n'a pas participé à l'étude. "Mais quand ces principes sont transposés dans le tissu neural, les résultats sont étonnamment complexes".
En effet, Michale Fee a découvert qu'une partie du cerveau du diamant mandarin produit le chant alors que le babillage dépend d'une autre partie.
L'oiseau sollicite la partie du cerveau connue comme le LMAN (Lateral Magnocellular nucleus of the Anterior Neostriatum) pendant les 30 à 45 premiers jours de babillage, selon les chercheurs. Mais pour l'apprentissage du chant d'adulte, c'est le centre vocal haut (HVC) du cerveau qui agit, et le LMAN est inactif.
"Pour les oiseaux, la phase exploratoire prend fin quand l'apprentissage est terminé, alors que l'homme peut toujours faire appel à l'équivalent du LMAN, le cortex préfrontal, pour innover et apprendre de nouvelles choses", a-t-il noté. Quand les chercheurs ont neutralisé le HVC chez des oiseaux adultes, le LMAN s'est réactivé et le babillage a repris.
Bob McMurray a estimé que ces études démontrent certains des mécanismes de développement les plus profonds qui sont à la base du développement du langage humain.
"Dans ce cas, nous voyons des signes de la remarquable capacité du cerveau à apprendre par lui-même. Une zone du cerveau crée un signal variable qui, vraisemblablement, oriente l'apprentissage ou la réorganisation vers une autre" zone, a-t-il analysé.
Mais "nous devons encore comprendre le processus de l'apprentissage et la réorganisation du tissu du cerveau auquel il correspond, mais également la structure du chant", a conclu Michale Fee.
Sur le net: www.sciencemag.org