Il n'y a plus d'intellectuels, disait Michel Winock dans une travail qu'il consacre à un trait marquant de notre culture, depuis l'affaire Dreyfus.
Ce qui m'a choqué. Car ne vivons-nous pas, au contraire, au temps de l'intellectuel ? N'est-ce pas, justement, ce qui est le propre de la "méritocratie" ? Nos entreprises et notre Etat sont gouvernés par les "meilleurs élèves". D'ailleurs, n'est-ce pas ce que dit l'enquête qui a créé le terme "Bobo" à la fin des années 90 ?
Mais, il y a peut être intellectuel et intellectuel. Michel Winock reconnaît que nous avons des intellectuels du quotidien. Mais ce n'est pas, probablement, ce qu'il entend comme un véritable intellectuel. Les intellectuels d'antan, c'était les Montaigne, les Descartes, ou les Marx. Ils n'étaient pas dans (uniquement) le feu de l'action. Ils construisaient des systèmes, de nouvelles sociétés, autrement dit une oeuvre. Elle guidait ensuite les hommes d'action, "l'exécutif".
De là tous nos "Think tanks" ? Il semble, effectivement, que la société doive réapprendre à penser. Il est possible que les stratégies émergent de l'action. Mais il faut au moins un dispositif qui ne soit pas dans l'action pour comprendre ce qui se passe, et en tirer des conclusions et une façon d'organiser la société qui permette des les mettre en oeuvre. L'intellectuel ?