Conscience : Le film // Interview

Publié le 09 décembre 2021 par Liliouns @Ski_Libre

CONSCIENCE est le premier film réalisé par le  duo skieur / réalisateur Gaëtan Gaudissard et Alex Chambet. Après une trentaine de projections dans différents festivals à l’automne en France, Canada, Norvège et Suisse, le film est désormais disponible gratuitement en ligne.

Réalisé en 2021, ce film s’articule autour de la prise de conscience environnementale de Gaëtan, jeune skieur professionnel. CONSCIENCE veut amener le spectateur à diverses réflexions sur la manière de pratiquer la montagne et ses conséquences dans un contexte d’urgence climatique. Sans être moralisateur ni culpabilisateur, il se veut être une proposition, une démarche d’implication, une manière de repenser pourquoi et comment nous vivons

Nous sommes allé rencontrer Gaëtan Gaudissard pour en savoir plus sur les raisons qui l’avaient poussé à réaliser ce film.

Interview

Peux-tu nous expliquer quel a été l’élément déclencheur dans ta prise de conscience face au dérèglement climatique ?

​Ce n’est pas un élément déclencheur qui te fait tout changer du jour au lendemain, mais c’est plutôt une succession de questionnements qui entraine des réactions en chaîne pour changer ton quotidien, ton métier et tes loisirs petit à petit. J’ai commencé par me poser la question de mon alimentation, puis cela a eu des conséquences sur mon métier, mon logement, puis dernièrement sur la pratique de mes loisirs. En bref c’est un raisonnement qui te pousse à être curieux et à donner du sens à tous ce que tu fais.

Quels sont tes résolutions au quotidien pour réduire ton impact en CO2, en tant qu’athlète ?

C’est assez simple, je ne prends plus d’avions et je suis passé de 40’000kms par an en 2017 à 5’000 kms l’an passé avec ma voiture. Je mange au maximum bio et local et je n’achète plus d’aliments déjà transformés. Enfin j’ai changé de métier car j’étais ingénieur dans l’automobile à une époque. Mais je considère que j’ai encore beaucoup à faire.

Tu es un athlète qui bénéficie du soutien de plusieurs sponsors, comment t’assures-tu que les principes que tu défends soient également pris en compte par tes partenaires ? Quel(s) rapport(s) entretiens-tu avec eux alors que l’impact de leur activité sur l’environnement peut parfois trouver à redire ?

À l’heure actuelle, la plupart des entreprises sont dans un cadre de réduction des émissions de CO2, et c’est plutôt une bonne chose car on est à un stade où l’on ne peut que mieux faire ! Tous mes partenaires sont dans cette démarche également, à des stades différents et avec des problématiques ou des objectifs différents. Je trouve que c’est que la moindre des choses de collaborer avec des marques qui s’engagent de la sorte pour être en accord avec mes films. Certains de mes partenaires ne financent plus de film utilisant l’hélicoptère et d’autres ont plus de 50% de leurs fournisseurs en Rhône-Alpes. Pour moi ce sont des raisons qui font sens. Mais il faut être honnête avec soit même, tant qu’il y a une recherche de profit toutes les actions seront inefficaces. Le « zéro émission » annoncé par tous dès 2050 je considère que c’est du greenwashing. Par exemple mon film a émis 2.9 tonnes équivalent CO2. Même si je compense ces émissions, le film aura toujours émis cette part de CO2. Par contre je me dois de continuer à réduire cette part sur les prochains films, c’est un de mes engagements. Il faut arrêter de vouloir toujours faire culpabiliser les individus et les entreprises. Si on veut avoir de réels impacts au niveau des émissions de CO2 il faut redéfinir les règles du jeu, celle de la constitution française et européenne par exemple, de la spéculation et des actions bancaires !

Justement, n’as tu pas peur d’être quelque peu culpabilisant, moralisateur, auprès du grand public avec un tel discours ?

Non aucunement. J’ai eu peur d’en prendre le chemin pendant la réalisation du film mais aujourd’hui j’assume ce point de vue. Avec les différents protagonistes, on partage nos réflexions et des solutions qui nous paraissent pertinentes, à notre échelle. Mais on ne dit jamais « il faut que tout le monde fasse ceci ou cela ». C’est juste que nous avons décidé de faire autrement et on trouve cela intéressant. Le film n’est pas une leçon de moral, mais vraiment une invitation à la Curiosité, à penser différemment. 

Quels sont tes projets pour cet hiver ?

On continue notre websérie Berio ski avec Bastien et Alex. Puis je vais continuer à faire des films de ski en recherchant la performance et qui continuent de véhiculer ces valeurs de curiosité et de respect de l’environnement.

As-tu complètement dit adieu aux remontées mécaniques ? ;o)

Aucunement, je vais continuer à skier en station. Par contre je ne m’y rends plus en voiture, j’y vais principalement en vélo électrique ou en navette sur 80% de mes trajets. Pour être précis seulement 2% des émissions de CO2 d’une station sont liés à son fonctionnement, je parle des télésièges, canons à neige, dameuses, etc. Mais 57% sont liées au déplacement des usagés pour s’y rendre et 27% pour chauffer des logements. Donc si demain il faut interdire les voitures en station et toutes nouvelles constructions immobilières ce serait déjà un grand pas en avant, et dans ce cas-là je signe de suite ! (nota: chiffre issu de l’étude ademe / mountain riders 2010)  

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