Elle est sur l’île, elle attend les bateaux qui rentrent de la pêche. Elle attend, elle veille. Et tandis qu’elle veille, comme une autre Pénélope attendant le retour d’Ulysse, elle coud, elle nettoie les peaux des poissons des restes de chair qui y sont accrochés, les lave, les fait sécher et les assemble. Il lui semble qu’elle plonge avec eux dans l’océan, avec eux et avec les mots de Victor Hugo, de Supervielle, une chanson de Juliette. Elle en fait sa maison, sculpture, hommage, au rythme des vagues, « la vacillation du flot, l’acharnement de l’écume ». Elle ne s’approprie pas les peaux, les arêtes, elle s’y lie, elle partage le travail des crabes, elle construit, elle attend. Près du phare. Elle entend l’invisible, elle tend le visible, elle rend Jonas et Pinocchio transformés par le secret qui vient du monde et des fonds marins.
Anne da Silva exposait cette oeuvre au Macparis d'automne.