1 – Ce soir-là, le face à face présidentiel entre les États-Désunis et la Roussie-Occidentale occupait certainement la une de tous les cerveaux encore opérationnels. Je me sentais moins seul juste d’y avoir pensé. Comme la plupart des gens qui respiraient encore, suite au battage publicitaire qui durait depuis de semaines : j’avais balayé ça de mon esprit – et à force de voir ça étalé à la une de tous les canaux d’effusion merdiatique – j’avais cessé de regarder les news sous quelque forme qui soit. Mais le mois de Décembre nous avait pris de court, il faisait une moyenne de moins 15C depuis des semaines, et que voulez-vous, je me suis enfargé (trébucher : Ndlr) dans le clavier et les choses étant ce qu’elles sont, j’ai rebranché le fil dans le trou derrière l’antenne que Réjean m’avait confectionné juste pour voir, et dès que l’écran a saigné du réseau : Bang!
Ils étaient là, en pleine conversation vidéotransmise, les deux ennemis jurés, devant une tasse de thé (j’imagine) à se haranguer en termes diplomatiques peu flatteurs sur les enjeux de l’année à venir. Je me suis resaisi. J’ai fouillé dans le studio et dégotté une demi-bouteille de whisky pas piqué des vers ma foi, avant de m’écraser contre le mur, par terre, loin de la fenêtre que j’avais barricadée quand les événements avaient pris une tournure pour le pire. Dans le noir, pas question d’allumer une bougie, ce qui eut été trop dangereux, pour suivre leurs ébats à la lueur bleue du seul ordinateur encore fonctionnel du village désormais dans le noir à ma connaissance.
Il suffisait de marcher une heure la nuit pour constater que les maisons étaient soit vides ou d’entendre les mouches se heurter contre les fenêtres pour savoir que les services funéraires n’avaient pas eu le temps d’empocher les cadavres désormais en proie à la pourriture… Il faudrait repasser et vérifier de plus près avant de s’introduire sans effraction à la recherche de nourriture encore potable. Sans compter les bidons d’eau ou les bidules toujours pratiques en cas de besoin que tout un chacun avaient accumulés aux premiers jours de la troisième guerre dite mondialiste.
Et la bouteille et l’écran étaient des souvenirs de Mathilde, la dernière voisine à avoir subi les affres du soit disant vaccin à l’automne. Comme cela était devenu la coutume, j’avais fourragé tous les recoins de sa demeure et apporté ce qui pouvait servir dans le garage chez-moi armé d’une pelle et d’une lampe de poche – avant de notifier les secours de sa dépouille que j’avais eveloppée sur son lit, après lui avoir fermé les yeux et m’être agenouillé pour lui prononcer les dernières paroles qu’elle pouvait peut-être encore entendre vu que sa main était encore tiède malgré le froid sibérien régnant dans sa demeure.
- « La enième Plandémie … », de dire le Président Bidon.
- « Les millions de décimés », de rétorquer le Président Foutu.
C’est à ce moment que j’ai entendu des pas approcher la baraque. Sans hésiter, je me suis resaisi en empoignant la pelle. Tout en buvant du sérum doré au goulot, je m’approchai des planches clouées devant l’ouverture, les yeux rivés sur la meurtrière à hauteur du nez, crispé, en me préparant à toute éventualité…
(suite à venir…) – Anonyme