"Très tôt dans ma vie, j’ai eu le sentiment qu’il y avait en l’homme une tendance inévitable vers la chute. L’homme doit tomber. Et l’on doit accepter cette idée presque insupportable, l’idée de l’échec, dans un monde voué au culte du succès.
Mais symétrique à la chute, il y a dans l’homme un élan vers le haut. La pensée, le langage, l’amour, toute création participent de cet élan.
Il y a donc un double mouvement de chute et d’élévation dans l’homme, une sorte de loi de gravité paradoxale.
Entre ces deux dimensions, il y a une dimension verticale. La poésie qui m’intéresse possède l’audace et la nudité suffisantes pour atteindre ce lieu où se produit le double mouvement vertical de chute et d’élévation. Parfois on oublie l’une des deux dimensions.
Mes poèmes tentent de rendre compte de cette contradiction vitale."
Roberto Juarroz Dans 'Les Lettres Françaises' (avril 1993)
Calligraphie François Cheng
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