A l’occasion des jeux Olympiques, qui vont débuter à Pékin le 8 août prochain, les spectateurs Chinois et les téléspectateurs du monde entier vont pouvoir découvrir des sports aussi méconnus et peu médiatiques que le Taekwendo, le softball ou le pentathlon moderne, ainsi qu'une discipline olympique nouvelle, le BMX en cyclisme.
Les " grands sports " auront évidemment leur place : le football et le tennis seront ainsi présents à Pékin. Mais pas le rugby.
On peut raisonnablement trouver cette situation discutable. Car le rugby, avec ses 121 fédérations nationales ou régionales affiliées à l’International Rugby Board (IRB) est présent sur les cinq continents, et ses adeptes se comptent par millions. Il y a plus de licenciés dans ce sport qu’en natation synchronisée ou en canoë en ligne.
Quant au professionnalisme qui mettrait le rugby en dehors de la logique olympique, on rappellera que l’amateurisme cher au mouvement olympique a longtemps prévalu dans le rugby, ce bien plus qu’un bon nombre de disciplines présentes à Pékin. De surcroît, l’exemple du tennis, dont l’épreuve est boudée par certains joueurs et joueuses au motif qu’elle ne rentre pas dans leur planning personnel apparaît comme le bon exemple d’un sport dont l’appartenance au giron olympique est pour le moins dicutable…
Il faut rappeler qu’il n’existe pas de concession à perpétuité pour les sports olympiques. Ainsi, le base-ball ne sera plus au programme en 2012. A contrario, il est possible d’intégrer des disciplines jusque là non invités à la grande fête quadriennale du sport. Pour le rugby, il s’agirait d’une réintégration, puisque le ballon ovale a déjà eu les honneurs de l’olympisme à quatre reprises (1900, 1908, 1920 et 1924). Certes, l’expérience n’a pas été très concluante. Le tournoi était réduit à deux ou trois matches, voire une seule rencontre, entre des sélections de bric et de broc. Qui plus est, la " finale " entre la France et les Etats-Unis en 1924 a donné lieu à un spectacle de violence peu en rapport avec l’idéal olympique. C’est d’ailleurs le motif le plus couramment avancé pour justifier l’exclusion de cette discipline du rendez-vous quadriennal. A cela, on pourra répondre par deux arguments. En premier lieu, il y a peu de points communs entre le rugby de 1924 et celui pratiqué aujourd’hui . Une certaine forme de violence existe toujours, mais elle est sans conteste à des années lumières des attitudes observées dans des temps appartenant à la préhistoire de ce sport. Ensuite, on rétorquera que l’arène olympique a déjà été le théâtre d’affrontements sportifs dépassant la limite de l’acceptable, sans que cela entraîne l’exclusion de la discipline. On pense en particulier à une rencontre de Water-polo entre l’URSS et la Hongrie aux Jeux de 1956.
A priori, il n’existe aucune raison - sur le plan des principes olympiques - qui s’oppose véritablement à l’intégration du rugby. En revanche, la mise en œuvre d’une participation effective aux Jeux semble beaucoup plus problématique. En premier lieu pour des motifs de calendrier : le planning des équipes nationales est déjà très chargé et l’on ne voit pas comment dégager un créneau supplémentaire pour un tournoi olympique. A moins, comme au football, d’organiser une compétition qui fasse appel à des jeunes joueurs (moins de 23 ans par exemple). Une autre difficulté réside dans les modalités d’organisation d’un tournoi Olympique : faire tenir en un peu plus de trois semaines une telle compétition semble très compliqué. Sans parler des infrastructures nécessaires. La solution résiderait peut-être dans la mise en place d’un tournoi pré-olympique qui ne qualifierait qu’un nombre réduit de compétiteurs (une douzaine par exemple). Cela ne répondrait pas aux problèmes d’un calendrier déjà exigu. Enfin, certains avancent l’idée d’un tournoi de rugby à 7, qui apparaît moins contraignant à monter.
Au final, on rappellera, pour ne pas trop passer pour naïf, que l’accession d’une discipline sportive au Graal de l’olympisme se fait au prix d’un lobbying de chaque instant auprès des membres du CIO. A ce titre, la fédération internationale de Base-ball multiplie les actions en faveur d’une réintégration de ce sport dans le giron olympique. L’actuel président de l’IRB, Bernard Lapasset, a indiqué qu’il considérait ce dossier comme l’une de ses priorités. A lui de le démontrer. L’organisation des Jeux à Londres en 2012 constituerait une bonne occasion pour réintégrer dans l’univers olympique un sport qui est né dans ce pays il y a près de deux siècles.