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Le quartet " Sleeper Train " nous embarque au Sunset

Publié le 04 décembre 2021 par Assurbanipal

Paris, Ile de France, France

Vendredi 3 décembre 2021, 20h30

François Chesnel: piano

Fred Chiffoleau: contrebasse

Fred Pasqua: batterie

Yoann Loustalot: trompette, bugle

Article dédié à une amie de Paris qui apprécie l'album " Sleeper Train " mais qui n'a pas embarqué dans ce concert en raison d'un train tôt le samedi 4 décembre au matin.

Lectrices voyageuses, lecteurs explorateurs, je vous ai déjà chanté les louanges de l'album " Sleeper Train " dont chaque morceau vient d'un pays différent ( Cameroun, Japon, USA, Mongolie, Russie, France - La Réunion, Royaume Uni - Ecosse, Brésil). Une vraie invitation au voyage. Enfin, je découvre ce quartet sur scène.

" Le chemin vers Izumo: le soleil se couche sur le temple de Kyoto ". Telle est la traduction française de cette composition du Japonais Toshio Funagawa. Kyoto, capitale historique du Japon. A Izumo se trouve le plus ancien sanctuaire shinto du Japon. Batteur aux maillets. Résonnance tout en douceur. La contrebasse installe une douce tension. Le solo de trompette écarte les nuages pour faire apparaître le soleil couchant. Batteur aux balais. Ils commencent par nous endormir. La tension monte doucement. Le batteur bat une marche militaire. Le quartet enchaîne. Nom de Zeus, c'est magnifique! Le temps se décompose doucement. Comme la pluie qui tombe dehors. Grosse pulsation de contrebasse. Roulements de tambour. Martèlement du piano. La trompette vient ajouter son souffle. Le pianiste creuse, poussé par ses complices de la rythmique. Bonne onde puissante qui nous emmène au loin. La contrebasse, sous l'archet, produit un son quasi électronique. De même pour le piano et la batterie. Beau travail de la pâte sonore. Combien de morceaux ont-ils joué en un seul?

Le pianiste lance une ritournelle. J'adore cet air. La trompette lui répond. C'est " Sanza tristesse " du Camerounais Francis Bebey. Cf vidéo sous l'article. Le morceau qui ouvre l'album " Sleeper Train ". Le batteur travaille comme un percussionniste. Le pianiste fait tourner un air à rendre fou. Je hoche la tête en rythme, captivé par la musique. J'espère que ce quartet jouera dehors aux beaux jours. Cette musique le mérite. A l'entendre, le Jazz n'est pas mort et il sent bon. Les musiciens de la rythmique chantent en même temps qu'ils jouent pour accompagner la trompette à moins que ce ne soient des voix enregistrées. Ca sonne terrible, en tout cas. La rythmique reprend la vibration sans trompette. L'Univers est composé d'ondes. La musique les accompagne.

Après le Japon et le Cameroun, l'Ecosse avec " Tam Lin " un air traditionnel qui a donné son prénom au guitariste écossais de Paris, Tam de Villiers qui a fait découvrir ce morceau aux membres du quartet. Un air hanté, brumeux. Yoann Loustalot est au bugle. Plus gros, plus rond et plus doux que la trompette. Le piano s'est tu. Contrebasse et batterie poussent doucement le chant du bugle. Le piano entre dans la danse. Ca balance doucement. La brume s'efface et le soleil apparaît. Le batteur aux maillets nous joue des cascades d'eau claire.

Enchaînement de l'Ecosse à la Russie. A vol d'oiseau, droit vers l'Est, en restant sur la même latitude, c'est jouable. C'est le chant du Transsibérien qui avance doucement dans la plaine immense. Ca ondule doucement. La tension monte et le tempo s'accélère. " Oy, Moroz, Moroz " (Froid, Froid en russe).

De la Russie, passons au voisin du Sud-Est, la Mongolie avec " Ekh ornii magtaal ". " Dans la steppe avec mon cheval ", thème mongol par excellence. Avec la dégustation de yaourt dans la yourte bien sûr. Grosse pulsation contrebasse & batterie. C'est bien la cavalcade des chevaux dans la steppe. Ca s'énerve de plus en plus. Les hordes mongoles déferlent. Les Mongols conquirent à cheval le plus grand empire terrestre de l'histoire de l'humanité puisqu'ils sont arrivés jusqu'en Europe. Beau dialogue batterie/trompette. Le quartet repart à la charge. Un spectateur bouge sur son siège comme un cavalier emporté par un cheval au triple galop.

PAUSE

Effets sur le son de contrebasse à l'archet. Vibration planante. Trompette bouchée. Le pianiste distille des notes. Ponctuations légères du batteur aux balais. Une marche funèbre. Yoann Loustalot a l'intelligence de ne pas copier le son de Miles Davis, grâce auquel la sourdine Harmon est désormais surnommée sourdine Miles. Morceau court et beau. " Oh Where ", traditionnel des Etats-Unis d'Amérique.

Une chanson française qui ne figure pas dans l'album " Sleeper Train ", " En amour n'a sinon bien " tiré du Manuscrit de Bayeux (XVI° siècle), premier recueil de chansons françaises avec paroles et musiques. Le manuscrit original est conservé à la Bibliothèque Nationale de France et accessible aux seuls chercheurs en histoire et musicologie dûment agréés. Il existe des versions modernes accessibles aux musiciens et chanteurs. Un air vif et joyeux. Batteur aux baguettes. Le pianiste trille joyeusement. Très bel arrangement d'une chanson française du début de la Renaissance.

Restons en France mais traversons le temps et l'espace pour arriver sur l'île de La Réunion au XX° siècle avec " Mangé pou le coeur " d' Alain Peters. Cf extrait audio au dessus de cet article. Mon morceau préféré de l'album. Un balancement typique du maloya, musique, chant et danse classés au Patrimoine mondial culturel et immatériel de l'humanité par l'UNESCO. La trompette joue tout doucement, sonnant presque comme une flûte. Deux Américaines bavardes se lèvent et s'en vont pour me permettre de mieux écouter la musique. Merci à elles de partir. La pulsation de la contrebasse se grave dans la tête et le ventre ponctuée par la batterie. Une ballade envoûtante. Le quartet a ralenti le tempo par rapport à la chanson originale d'Alain Peters.

De La Réunion, voguons vers le Nord Est jusqu'au Japon avec " Koruda Bushi ", air traditionnel des mariages, banquets et karaoké. Précédé d'un air russe dont ils ne connaissent que le titre suédois, titre que je n'ai pas retenu et qui ne figure pas sur l'album " Sleeper Train ". Cela signifie " La Volga coule le long des rives escarpées ". C'est bien ce que j'entends. Un fleuve puissant qui creuse des rives escarpées. La Volga, le plus grand fleuve d'Europe, traverse la Russie du Nord au Sud mais ne coule pas en Suède. Quand Leonard Cohen a entendu les bateliers de la Volga chanter sa chanson " Suzanne ", il a su qu'il était vraiment mondialement connu. Grosse pulsation contrebasse-batterie.

Ca manque de Japonais dans la salle pour chanter ce classique du karaoké. Solo de trompette pour commencer. Le quartet part en douceur, en souplesse. Bon massage cérébral. Un fan danse debout au fond de la salle. Il ne chante pas les paroles mais il est dedans.


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