Double est le dernier manga d’Ayako Noda prépublié dans le magazine Flat Hero’s (seinen). On doit Le monde Selon Uchu (Casterman) et Incandescence déjà chez lézard noir. Elle dessine aussi des mangas boy’s love sous le nom de Niboshiko dont Arai senpai wa joshikousei dont j’avais lu quelques chapitres dans le magazine Opera. Elle n’a pas besoin de porter le même nom son style si particulier parle pour elle !
De quoi ça parle ?
Yûjin Kamoshima et Takara Takarada, deux comédiens appartenant à la même troupe de théâtre, sont aussi voisins de chambre dans une résidence bon marché. Alors qu’ils sont encore inconnus dans le milieu, Yûjin prend conscience des dons exceptionnels de Takara, et le soutient pour que son génie soit reconnu à sa juste valeur. Le tout en s’efforçant lui-même de devenir le plus grand acteur du monde… Mais lorsque l’entourage de Takara réalise enfin l’ampleur de son talent, les rapports entre les deux amis commencent à changer…
Deux hommes, deux acteurs
La série a été annoncé comme faisant cinq tomes au total, en 2020, elle reçoit le Prix d’excellence au 23e Japan Media Arts Festival. Un drama est annoncé pour 2022 pour adapter la série sur les petits écrans japonais. Cette fois, l’autrice nous plonge dans le métier de comédien. Elle décrit avec une certaine finesse, ce duo improbable de comédiens.
Yûjin est un bon acteur, mais il sait que son complice Takara l’est encore plus. Seule ombre au tableau ce dernier ne sait pas gérer sa vie. Il est bordélique, ne sait pas gérer son temps, ni son agenda et semble avoir besoin du soutient de son ami tout le temps. Il en profite à mort. Sept ans qu’ils se connaissent et Yûjin ressemble plus à sa mère ou son manager qu’à un meilleur ami. Il se plie de bonne grâce aux laissez aller de son ami et l’aide tout simplement parce qu’il croit en lui et en son talent d’acteur. Il le soutient quoiqu’il arrive. Cette forte amitié qui lie les deux hommes est autant une bénédiction qu’une sinécure.
Quand l’un est pas là, l’autre semble perdu. Leur amitié fusionnelle force l’admiration, mais on sent aussi venir le jour où ils devront couper le cordon qui les relie.
Un trait reconnaissable entre mille
Le métier de comédien, et les plateaux de tournages sont décrits avec réalisme. On sent qu’elle s’est documentée sur le sujet et c’est un vrai plaisir de découvrir l’envers du décor. Takara découvre les plateaux et sa naïveté permet de lui faire poser des questions que nous même lecteurs nous posons.
Double est un excellent titre, après avoir lu le premier tome, j’ai lu Incandescence. Si le récit est une force indéniable chez Ayako Noda. Son trait vif et incisif l’est tout autant. Ses regards et ses visages expressifs sont d’une profondeur extrême. On vit littéralement ses histoires. Elles vous prennent aux trippes et marque profondément. Je l’avais découverte il y a quelques années avec un boys love dont le style graphique original et le récit atypique m’avait frappée. C’est en voyant la couverture de Double que j’ai fait la relation entre les deux. Et oui, elle n’a pas le style de tout le monde et on la reconnait facilement.
Double est une excellente surprise, un style vif pour une histoire passionnante. Lézard noir nous permet une nouvelle fois de profiter du talent prodigieux d’Ayako Noda.
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