Tension et vrombissement

Il y a quelques jours à Florence, Ferrari a présenté la Daytona SP3, sa dernière-née en édition limitée à 599 exemplaires qui seront livrés fin 2022. Au prix catalogue de 2 millions d'euros, ces bolides de sport et de parade ont déjà tous été vendus à des clients triés sur le volet. Ferrari est une marque magnétique dont le pouvoir social et la popularité sont universels, attirants des amateurs distingués et des tifosis anonymes. Les premiers peuvent espérer caler leurs arrières sur un siège baquet, les autres se contentant de les regarder passer à vivre allure. Dans les deux cas, l'attrait est là, la passion est forte, fondés sur une légende qui, depuis 1947, se bâtit entre tension et vrombissement, entre rareté et technologie. Au-delà de la puissance luxueuse de ses automobiles sportives, Ferrari nous préserve aussi du monde contraint qui se dessine.

Le plaisir de la conduite paraît de plus en plus incongru face à une mobilité utilitaire : on ne roule plus pour soi, on se déplace avec les autres. Pour s'engager dans cette voie, le législateur met la pression sur les constructeurs automobiles. Dès l'année prochaine, l'Europe impose que toutes les nouvelles voitures de tourisme et utilitaires légers soient équipés de systèmes de sécurité et d'aide à la conduite (freinage automatique d'urgence, régulateur de vitesse adaptatif, alerte de franchissement involontaire de ligne, reconnaissance des panneaux de signalisation, éthylotest antidémarrage, boîte noire...). L'obligation s'appliquera aussi aux modèles existants dès 2024. Pour aller encore plus loin dans l'asservissement, la conduite autonome sera une norme d'ici à 2050 pour " interdire purement et simplement la conduite humaine jugée dangereuse " ! Rien que ça !

Heureusement, Ferrari n'entend pas tomber dans le panneau. " Une Ferrari autonome serait triste, l'esprit de Ferrari est justement de pouvoir la conduire ", a déclaré John Elkann, le patron de la marque. " Dans un monde où l'autonomie et la conduite autonome deviendront primordiales, la valeur de la conduite humaine augmentera. Et Ferrari est déjà bien positionnée et devrait continuer à être ce qu'elle est ", a-t-il ajouté. S'il ne reste qu'un seul constructeur, Ferrari sera celui-là, prendre le volant sera alors un vrai luxe...

Photo : Ferrari