"Chaque poème est un minuscule tombeau élevé à la mémoire de l'invisible."
La jeune Emily Dickinson est comme un oisillon fragile et insaisissable, sa vie est entourée de mystères : née le 10 décembre 1830 dans le Massachusetts, morte le 15 mai 1886 dans la même maison, elle ne s'est jamais mariée, n'a pas eu d'enfants, a passé ses dernières années cloîtrée dans sa chambre, écrivant sans cesse, mais sans souhaiter publier. Et pourtant, elle est aujourd'hui considérée comme l'une des figures les plus importantes de la littérature mondiale.
Le style poétique de Dominique Fortier s'attache aux pas de Emily Dickinson sans chercher à juger, ni à expliquer cette femme dont le cœur s'emballe à la vue de "l'éclair rouge d'un cardinal dans le feuillage de l'érable."
"En écrivant, elle s'efface. Elle disparaît derrière le brin d'herbe que, sans elle, on n'aurait jamais vu.(...) Elle écrit pour témoigner : ici a vécu une fleur, trois jours de juillet de l'an 18**, tuée par une ondée un matin, Chaque poème est un minuscule tombeau élevé à la mémoire de l'invisible."
Elle imagine les raisons qui ont pu la mener à rester recluse à la moitié de sa vie :
"C'est dans cette exquise répétition des choses, dans ce temps suspendu, qu'elle arrive, par éclairs, à saisir ce que murmure l'herbe et ce que souffle le vent. Il n'y a pas d'autre moyen de s'arrêter que de tourner exactement au même rythme que la Terre qui tournoie autour du Soleil, et de s'abandonner à ce vertige."
La délicatesse et la beauté de l'écriture de l'autrice s'accorde parfaitement avec ce personnage diaphane, presque magique.