Lundi je dis adieu au lit
Les hirondelles ne font pas le printemps
Le feu n’est pas prêt de s’éteindre
Au contraire je vois la flamme qui doucement se rapetisse
On n’est pas à un paradoxe près
À la radio ils parlent de choses affolantes
Dans lesquelles ils intercalent des chansons
La police a arrêté une bagarre dans la rue
Ce matin les agents ont bu leur café et mangé des croissants
Un peu plus tard ils deviennent la cible d’un sniper caché dans un immeuble
Éventré par les obus d’une attaque particulièrement abjecte
Il ne faut pas avoir peur de dire que la guerre est un crime
Une chose immonde
En attendant je me regarde dans un miroir
Et ce que j’y vois n’est pas beau
Il faudra penser à changer de tête
Comment faire madame pour repartir de l’avant
Je voudrais bien moi échapper au déterminisme qui m’a construit
À grands coups de balai
Contre ma volonté
On me disait d’aller dans un sens
On ne me donnait aucun moyen d’aller dans l’autre
J’obtempérais, je suis un garçon docile
Quand j’étais adolescent, dans mes années de lycée, les jours avaient des couleurs, des humeurs. J’aimais beaucoup les mardis et les jeudis.
Et quand la caravane passait, je n’aboyais jamais, je la regardais et je l’admirais
Je rêvais d’en faire partie
Je ne savais pas encore que j’étais voué à faire cavalier seul
Le matin j’aime bien
Le soir j’aime bien
La nuit j’aime bien
La journée ça dépend
Dans le bus je tousse
je sens les regards réprobateurs
Excusez-moi
Veuillez m’excuser
Je suis humain
et non pas humanoïde
Je ne voyage pas comme vous dans des galaxies lointaines
Je fais mon boulot mon métro et mon dodo
Toujours en solo
Je marche seul
Je mange seul
Je ne cherche pas à briller
Les étoiles ont été rayées de mon ciel
Je prie malgré tout
Quand souffle le vent
Quand tombe la pluie
je tends une main
Je sens ma peau
Peau de chagrin
Peau de crachin
Toujours les sensations se brouillent dans mon être
Je devrais raconter une histoire
Et feindre d’y croire
Avec mes figurines, organiser une bataille
Une chevauchée dans la plaine
Un général sur la colline
Des face-à-face épiques, sensationnels
Une dulcinée qui ne me comprend pas
L’amour de la fuite
Courage, fuyons