Quand je racontais mon métier il y a quelques années, c’était long et compliqué, sous des prétextes faussement techniques. Près de 20 ans plus tard, je n’ai pas tellement changé de métier, juste de façon d’en parler.
« MON JOB, C’EST DE RENDRE INTERESSANT CE QUI EST IMPORTANT.«
Cette formule, je l’ai empruntée à Philippe Vandel qui l’attribue au mythique journaliste américain Dan Rather, sans que je n’en ai jamais retrouvé la trace. Peu importe, elle embarque plein de dimensions qu’il m’aura donc pris 20 ans d’intégrer. Sous l’impulsion d’un environnement publicitaire qui sait dire un peu de mots ce qui pourrait prendre 100 pages. Dans la dynamique des médias sociaux qui ont montré l’attention générée par un contenu court et incisif plus que par de longues explications exigeantes mais laborieuses. En logique avec un rythme de pensée qui impose chaque jour un peu plus de rapidité, qu’on s’en réjouisse ou s’en désespère.
Je ne pense en revanche toujours pas que la communication se traite à coup de formules face aux grands enjeux de société modernes. Je ne suis pas fan des « éléments de langage » et me méfie des « punchlines ». J’ai seulement gagné la conviction que pour faire évoluer les pensées, il fallait éduquer. La pédagogie est nécessaire pour faire bouger les lignes. Or, pour éduquer, il faut intéresser, interpeller, créer l’envie. Une pensée qui dépasse largement le spectre du marketing des entreprises.
"Mon job, c'est rendre intéressant ce qui est important", une punchline de Dan Rather que Philippe Vandel cite souvent. Ca devrait être le job de beaucoup de monde, en plus des journalistes et communicants, en particulier des politiques. Une opposition au populisme en somme.
— Eric Maillard (@PRland) October 29, 2021
Tout les sujets peuvent devenir intéressants
Tout n’a pas le même potentiel à intéresser, je l’ai longtemps pensé. Mais après des années, à traverser des secteurs que je connaissais mal, j’ai compris. Ces enjeux liés au nucléaire, à l’eau en bouteille, au transports de matériaux, à l’épargne, à la transition alimentaire, aux matières premières comme le blé qui se raréfient, à la place des villes dans la transition écologique, à la chronologie des médias, au subtil équilibre du mutualisme, à la différence entre un virus contagieux et transmissible… Tout.
Mon job, c’est donc trouver l’angle, la pépite, l’éclairage qui va rendre attractive une information importante dont on devrait plus parler. Sans caricaturer. Sans tromper (communiquer, c’est choisir sur quoi on informe, pas désinformer). La question de la façon de porter cet angle viendra plus tard, la forme dépendra du fond, pas l’inverse. Pour identifier cet angle, je ne connais pas d’autres façon que d’apprendre à connaître le sujet, travailler, interroger, bousculer parfois. Et comme par magie, quand on connait bien le sujet, il devient passionnant dans son ensemble. Je n’ai pas de contre exemple, ça a marché à chaque fois.
Choisir les meilleurs formats pour éduquer dépend du fond
A l’ère des séries formatées Netflix, des streams sur Twitch, des événements expérientiels (même quand ils sont virtuels), des stories de quelques secondes, du gaming… nombreux sont les formats modernes pour intéresser. Mais fidèle à ma conviction « du fond avant la forme », je pense que la force d’un contenu prévaut sur l’évidence de la forme. Pour illustrer, choisir un projet personnel sera plus simple qu’un sujet professionnel.
Une pandémie mondiale a décimé 35 millions de personnes dans le monde depuis les années 80. Entre ceux qui l’ont vécu et préfèrent oublier et les plus jeunes qui n’ont pas été éduqués sur le sujet, le sujet me semble important, un devoir de mémoire s’impose. Comment orchestrer sa ? J’ai préféré la force de la narration plutôt à la modernité du format. Le théâtre pour toucher les jeunes n’est pas intuitivement l’idée la plus pertinente et pourtant… La suite est là.