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Un millier d'annÉes de bonnes priÈres

Par Rob Gordon
Un millier d'annÉes de bonnes priÈresComme Paul Auster, son compère de Smoke et Brooklyn boogie, Wayne Wang a effectué de jolis débuts derrière la caméra avant d’entamer une longue traversée du désert. Sortis simultanément, ses deux derniers films nous apportent des nouvelles plutôt positives : non, Wang n’est pas mort ; oui, il a des choses à dire et à raconter. Meilleur morceau du diptyque dont l’autre moitié se nomme La princesse du Nebraska, Un millier d’années de bonnes prières est une fable assez touchante sur le séjour d’un vieux chinois chez sa fille, qui a migré aux Etats-Unis onze ans plus tôt. Ce qu’il y a de beau avec ce film, c’est que Wang se complait avec délices dans les passages obligés de ce genre de film (micro-quiproquos pour cause de différence de culture ou d’âge) tout en s’appliquant à aller plus loin.
Car, passée une première phase de cohabitation entre deux êtres qui n’ont plus grand-chose en commun, arrive le temps où la jeune femme reprend le contrôle de sa vie et se met à nouveau à rentrer tard, à voir celui qu’elle aime, à zapper le petit dèj. Et le film de se mouvoir subitement en portrait d’un vieil homme perdu, non seulement au milieu d’un pays qui lui est étranger, mais également dans sa propre famille. Se raccrochant à une vieille dame aussi paumée que lui, et maîtrisant aussi mal l’anglais, il tente de comprendre qui il est et pourquoi sa fille est devenue l’amerloque qu’il ne reconnaît plus. C’est souvent touchant, éminemment naïf, un peu lent mais assez beau.
Et puis, comme si le mode mineur ne lui convenait pas, Wang plonge la fin de son film dans un flot de règlement de comptes un peu hors de propos, et d’engueulades père-fille qui jusque là n’étaient que suggérées – et bien suggérées qui plus est. On regrette alors l’esprit tendrement spleenesque qui faisait le sel d’un film joli mais pas plus, car n’ayant pas su tenir sa ligne de conduite jusqu’au bout.
7/10
(également publié sur Écran Large)

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