L'histoire
Deux agents du FBI arrivent dans une petite ville perdue pour enquêter sur une série de meurtres. Ils retrouvent sur place trois témoins : un policier à la gâchette facile, une junkie complètement déconnectée et une petite fille de huit ans encore sous le choc.
Au cours des interrogatoires, les agents découvrent rapidement que les témoins donnent chacun une version différente des faits, dissimulant manifestement une partie de la vérité.
Mon avis
Quinze ans après son premier film Boxing Helena, déjà fortement dérangeant mais pas vraiment convainquant (la fin gâchait tout si je me souviens bien), revoilà Jennifer Lynch. Digne fille de son père, avec un nom lourd à porter dans l'univers du cinéma, on peut dire qu'elle a bien fait de prendre son temps. Surveillance est une merveille de thriller. Film noir, sombre, sanglant, glauque. Un savant mélange des films des frères Coen et de Lynch père. Il n'est point question de surnaturel ou d'univers déjantés comme chez papa, mais d'une banale affaire de meurtres en série qui tourne au cauchemar pour les quelques témoins survivants. Dès les premières images, la réalisatrice impose une ambiance lourde, poisseuse et mortelle qui ne nous quittera plus jusqu'au dernier plan. Le scénario que l'on croit d'abord classique- meurtre, police, témoins, FBI- s'avère de plus en plus incertain et de plus énigmatique au fil des scènes. La construction est savamment déstructurée, les mêmes évènements sont vus sous l'angle de trois personnes différentes dans trois interrogatoires différents. Les pièces du puzzle s'assemblent lentement sous nos yeux jusqu'à un dénouement terrible qui suit un coup de théâtre/rebondissement auquel on ne s'attend vraiment pas. Donc pour moi un scénario quasi parfait, qui vous tient en haleine avec un vrai suspens, précis comme un scalpel et qui impose une vraie ambiance à glacer le sang. La mise est scène n'a pas grand chose à se reprocher. Peut être seulement (et là il faudra qu'elle s'en éloigne pour les prochains films) ressemble-t-elle trop à celle de papa. Entre le montage, la photo, la musique et pas mal de plans, on se croirait vraiment parfois dans un film de David Lynch. Au niveau interprétation là, c'est le sans faute. C'est un réel plaisir que de retrouver Julia Ormond en tête d'affiche d'un tel film. Après un début de carrière tonitruant (Légendes d'automne, Smilla, Le barbier de Sibérie) la traversée du désert a duré presque dix ans. Elle est ici formidable, parfaite de sobriété puis de démence, un beau numéro. On va la revoir très vite dans le Ché de Soderbergh. Même performance pour Bill Pullman, absolument sidérant en agent du FBI. A eux d'eux ils forment un couple épatant. A plus d'un titre...Le reste du casting n'est pas en reste. French Stewart et Kent Harper en flics très limite, Pell James en junkie larguée et la petite fille Ryan Simpkins très bien aussi. Quant à Michael Ironside (V), il ressemble de plus en plus à Jack Nicholson !
Malgré les nombreuses références au travail de son père Jennifer Lynch réussit avec Surveillance un excellent thriller. Très bien écrit, bien mis en scène, excellemment interprété. Une excellente surprise. L'un des films les plus glauques et les plus dérangeants de l'année. Surtout pour sa fin très surprenante et très traumatisante (à l'instar de celle de The mist dans un style différent). Cloué au siège pendant 1h38, fasciné par l'écran. Un nouveau coup de coeur pour un film, bien loin des grosses machineries blockbusters de l'été. Sanglant, terrifiant, dérangeant. A voir.
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