à la tombée de la nuit)
les photos où nous étions libres
– un peu idiots mais heureux –
deviennent floues
nous n’étions pas jaloux du chien qui dort au soleil
ni des feuilles qui demeurent fraternelles en jaunissant
ni de l’horizon
maintenant les images dévastatrices de beauté
sont remplacées par des attaques de panique
le manque de médicaments et d’humanité
– tout ce qui nuit à la survie –
est assuré par le département
afférent
pour vous
chaque grain d’identité est précieux
l’aire de développement personnel
des gens détruits
– des êtres presque vivants –
est moteur de satisfaction
nous sommes des marionnettes fluides
adaptées à une existence humble
nous vous passons tout ou presque
nous encaissons tout le chagrin
cash
que deviennent les puissants
s’ils n’assument pas leur fragilité ?
autrefois nous n’étions pas fatigués
même quand nous restions
les derniers
qu’il était beau ce temps où nous étions ridicules
avec un sourire niais sur le visage
nous n’étions pas jaloux d’une banale photo
nous n’étions pas jaloux de l’air
que chante le vent
***
Luminita Amarie – Traduit du roumain par Radu Bata.