Il a usé ses souliers nuit après nuit cheminant
sur les cailloux des étoiles – cheminant seul
pour l’amour des hommes. Il était fait, cet homme-là
pour le bonheur du monde. On l’a empêché. On lui a
pris
ce qu’il pouvait donner de plus : sa confiance
en ceux-là même qui le refusaient. A présent
il se promène, deux fois seul, sur la rive. Il regarde. Ne
récolte rien.
Des ombres de barques raient l’or du couchant,
dans le grand silence de la beauté délaissée.
Inachevé plein d’amertume, je reviendrai frapper à ta
porte.
***
Yánnis Rítsos (1909-1990) – Correspondances – Anthologie de la poésie grecque contemporaine, 1945-2000 (Poésie/Gallimard, 2000) – Traduit du grec par Michel Volkovitch.