L'Opéra, une série OCS

Par Gangoueus @lareus

[SERIE TV / OCS]

"Le label Originals, par lequel OCS aspire à des productions plus internationales, a trouvé un sujet et un cadre idéal en L’Opéra. Dans les coulisses du mythique palais Garnier, une danseuse étoile (Ariane Labed) bataille pour retrouver sa place, poussée vers la sortie par le nouveau directeur de la danse de la compagnie (Raphaël Personnaz). Dans les mêmes murs, une jeune aspirante (Suzy Bemba) se heurte pour la première fois à un univers compétitif éprouvant..."

Extrait de la critique de Première sur la série Opéra.
La dernière phrase de cet extrait est assez amusante. On ne voit vraiment pas les choses de la même manière... C'est toute la beauté de ce monde. Du coup, je vais vous donner ma version, ma lecture de cette série. L'esprit d'HBO déteint sur les productions d'OCS en France. La série l'Opéra est portée par cette influence. Au travers de l'univers ultra compétitif de l'Opéra Garnier c'est l'abord de plusieurs thèmes liés à l'inclusion, si vous me permettez l'expression, ou à l'intégration... Mais aucun de ces deux mots n'est adéquat. Suzy Bemba interprète une jeune femme noire qui tente de trouver sa place à l'Opéra. Les réalisateurs de la série ne sous estiment pas, voire soulignent les obstacles complexes, structurels auxquels cette fille doit faire face pour trouver un espace d'expression dans ce milieu extrêmement normé. Elle a beaucoup de caractère. Elle est audacieuse. A l'opposé, dans cet écosystème, une danseuse étoile tente de garder son leadership dans cet univers, fait de concurrences, impitoyable pour le corps qui frémit, qui se fragilise avec le poids de l'âge... L'intérêt de la série réside dans son traitement de ces différents personnages, avec un directeur de la programmation artistique de l'Opéra incarné par Raphaël Personnaz très juste dans son jeu d'acteur, ambigu, pragmatique, soumis aux contraintes de l'économie et de l'histoire.
L'Opéra fait partie des séries intelligentes que je suis sur OCS. Elles questionnent la société, sa férocité, la nécessité de la performance, de comprendre et de se soumettre aux codes de certains systèmes mais aussi les moyens permettant de défaire certains conservatismes.
L'Opera Garnier pourrait être une belle image de la France, avec la nécessité de laisser la place à de nouveaux profils, de nouveaux regards, des relectures enrichissantes de l'histoire mais aussi sur le fait que l'expérience et donc une certaine sagesse sont toujours nécessaires là où on exclut trop facilement les anciens. Le fait que le directeur de la programmation soit gay ne le rend pas plus ouvert à une approche progressiste. Seule la contrainte financière d'un mécène éclairé ouvre son regard. Et dans le fond, seul le capital et celui qui le possède, peuvent faire bouger les lignes. En cela, le sujet est dérangeant. On fustige le wokisme et les discours sur l'intersectionnalité. Mais ces micro-communautés s'organisent consciemment ou inconsciemment pour peser économiquement pour faire reculer certaines inégalités. Dire sa différence ou souligner la différence de traitement est devenu intolérable. Mais, le cri du personnage interprété par Suzy Bemba dénonce un rôle refusé parce qu'elle est noire dans une interprétation du Lac des cygnes. Ces points de crispation peuvent contourner par une anticipation de l'état, une volonté des metteurs en scène pour proposer des scénarii plus inclusifs et permettant d'ouvrir l'opéra à un public plus large en termes de classe sociale, de représentation ethnique...

Série brillante donc qui nous conduit dans les couloirs peu fastueux de l'Opéra Garnier. Mention spéciale à Suzy Bemba et à Raphaël Personnaz pour leur jeu d'acteurs.
L'OpéraOCS / Saison 01