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Drosophilia

Par Belzaran
Drosophilia

Titre : Drosophilia
Scénariste : Mardi Noir
Dessin : Quentin Zuttion
Parution : Août 2020


Les romans graphiques sur la crise de la trentaine se multiplient. Il faut alors savoir se démarquer pour présenter un intérêt. Mardi Noir et Quentin Zuttion (plus connu du temps de la blogosphère sous le nom de Monsieur Q) propose « Drosophilia », une bande-dessinée où les mouches vont et viennent, comme su cette couverture où l’héroïne allongée dans l’eau en est recouverte. Le tout est publié chez Payot Graphic pour 200 pages.

Un intérêt avant tout graphique

Alex est trentenaire. Pas vraiment en couple, elle subit les messages de sa meilleure amie qui cherche à tomber enceinte. En plein questionnements, elle va fuir et chercher à rejoindre des hommes un peu partout en France. Cherche-t-elle un mec ? Une main tendue ? Un peu de tendresse ? Rien n’est très clair dans la tête d’Alex.

Drosophilia

« Drosophilia » est le parcours d’une jeune femme paumée un été, écrasée par la chaleur. On pourrait presque penser à « L’étranger » de Camus sur l’aspect de ce soleil qui aveugle et perturbe. Taiseuse, Alex semble en grande difficulté de communication. Elle a du mal à s’exprimer et fuit dès que les événements se corsent.

Le livre s’apparente à un road trip fait de rencontres, épanouissantes parfois, inquiétantes d’autres. Le tout se lit d’une traite puisque l’on passe d’une scène à l’autre sans trop se soucier de ce qu’il y avait avant. Sans connaître la vie d’Alex d’avant, son histoire, difficile d’être réellement en empathie avec cette fille qui erre d’homme en homme. Il manque un peu plus du personnage pour que l’on puisse s’y attacher. Finalement, le livre donne un peu l’impression qu’Alex est au début avec un mec merdique et qu’elle finit par s’en rendre compte et à le virer. Bon.

C’est graphiquement que ce livre prendre tout son sens. S’il y a deux cents pages, beaucoup de cases sont muettes et la narration est rapide. Le trait de Quentin Zuttion est un peu hésitant et irrégulier, mais son style s’adapte bien au propos. L’utilisation des cases muettes, des gros plans, apporte un vrai plus et est parfaitement maîtrisé. Quant aux rendus de l’été et des ambiances en général, ils sont très réussis. Les couleurs chaudes, la transpiration… Tout donne une impression de chaleur et d’oppression. Enfin, les planches plus axés « drosophile » ou angoisses prennent des tons plus forts et sombres. Graphiquement, il y a de belles choses dans ce roman graphique, du début à la fin.

Drosophilia

« Drosophilia » est un road trip sans intérêt fou. Certes, il y a des rencontres, mais il manque un petit quelque chose pour nous rendre Alex vraiment sympathique. À être trop taiseuse, on l’observe à distance. Cependant, de par son traitement graphique, où la chaleur de l’été a un rôle central, la lecture gagne beaucoup en intérêt.

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