"Ar spi" EP UKAN

Publié le 23 novembre 2021 par Concerts-Review

NoPo

autoproduction

UKAN EP Ar Spi 2021
Kevin Ruellan dirige le Big Band du Penthièvre à Lamballe et enseigne, à Carhaix, un certain nombre d'instruments à vent, forcément celui de la Bretagne.
UKAN en porte fièrement l'étendard. Kevin conçoit ce projet début 2016 qui voit la sortie d'un 1er EP.
Le prononce-t-on à l'OBAMA 'you can'? Certainement pas! A l'anglaise 'Who can'? Pas mieux! Je pencherais pour 'eu kan' à moins que ça se crie comme ça s'écrit.
Pas mal de concerts ( cf Plérin ou Paimpol) ... 5 ans déjà, une équipe partiellement renouvelée et le 2è EP arrive enfin.
On aimerait un rythme de création plus élevé mais le contexte ne le facilite pas malheureusement...
Ar Skipailh (l'équipe) :
Kevin Ruellan chant, claviers, saxophone ténor, textes, compositions, arrangements, production
Gaëtan Buzaré Guitare électrique
Eva Montfort Basse
Arnaud le Breton Batterie
Kenan Trevien Mixage
Christophe Soulé Mastering
Sur la couverture, la photo de Vincent Paulic situe la marée descendante au pays de St-Brieuc sous un beau ciel... breton, 'UKAN' à l'horizon.
Kevin, de dos à l'avant-plan de sable humide et pierres enfoncées, porte le noir et le haut de forme, au propre comme au figuré!
Le carton contient 5 vagues écumantes :
1. Kanenn ar bleiz 03:56
2. Ar spi 04:03
3. An alkemiour 04:03
4. Dañsal en ur leñvañ 03:51
5. E-lec'h ma e fell din mont 04:06
'Kanenn ar bleiz'(Ode au loup) ne nous est pas inconnu, déjà interprété en concert, mais quelle instrumentation pleine de punch pour cette entrée en matière!
L'intro, magnifique, en jette avec son espèce de biniou électro (synthé?) rejoint par un riff de guitare métallique. La basse vient, un peu, arrondir les angles pendant que la batterie les pointe.
Soudain, la guitare assagie, joue jazzy, en toile d'araignée, et la voix basse de Kevin (plus couverte mais au timbre Christian DECAMPS de Ange) vient s'y coller, 'Ennomp 'vev ul loen', en nous vit un animal.
Au final, la guitare sauvage et les cymbales trébuchantes explosent le chant du loup.
Après que la chanson ait été dévoilée sur FR3 en début d'année 2021, la récente vidéo 'Ar spi'(L'espoir) annonçait la publication de l'EP nouveau (meilleur que le Beaujolais), Alléluia!
Kevin dénonce les folies du monde dans un morceau furieusement chaloupé.
Ecoutez-moi cette basse rebondie et slappée, on sent qu'Eva tâte de la contrebasse! Quant au synthé (à la vôtre!), il kitche net!
La guitare griffée, façon funky, de Gaëtan ne ment pas. Le morceau, très dansant, donne envie de s'éclater devant le Mar'mousse à Plérin ou le port de Dahouet à Pléneuf.
Quelques paroles en anglais gonflent ce potentiel excitant :
'I'm building a rescue team
Will you step in my dream
Get on board the lifeboat. Come on Come on'
Un court passage, plus progressif, relance la dernière strophe euphorique stoppée au top.
Un tube à tourner et tourner (et tourner) sur les ondes brezhoneg et pas que!!
Voix principale sur de superbes choeurs hurlant en ouverture, on se croirait sous la pleine lune (ah ben non, c'était dans la première chanson!).
Le piano moiré de 'An alkemiour', tellement apprécié live, dégage toute la chaleur de sa forge et produit toujours un délicieux effet (mer évidemment).
La cadence provoque des ondulations du corps (beau bien sûr, c'est la couleur de l'artiste sur la pochette).
Le titre signifie l'alchimiste... mais cet alchimiste transforme l'animal sauvage en un être accompli :
'unvaniñ ma fersonelezh Ha treuzfurmiñ Al loen gouez' ...
... et quand j'entends crépiter cette magie disco breizh, j'y crois fermement!
Piano électrique, maracas, basse slappée et grosse caisse, guitare épileptico-funky en diable, petit à petit, tout s'empile sur une face trémoussante, on entendrait presque les Parcels en boucle électro!
La batterie, métronomique, n'en fait pas des caisses. La voix, légèrement voilée, se promène comme la brume sur l'océan. On craint la panne de son à 2 minutes, la blague!
'Dañsal en ur leñvañ'(Danser en pleurant) et son refrain entraînant, libèrent la finesse du jeu de guitare sautillant.
Un bref couloir prog entonne une moralité en anglais ' We don't protect nature, We are nature' (YES aurait pu chanter... we can) , tellement vrai!
La guitare perce le dernier titre 'E-lec'h ma e fell din mont' (Là où je veux aller), plus sombre, parti dans un jazz-prog, influence déjà présente sur 'Ene ar bed' de l'EP précédent.
Les paroles mélancoliques et poétiques expriment un mal être. Pourtant, l'instrumentation, riche, assoit une sérénité toute simple. La basse louvoie avec tant de musicalité.
Les cordes continuent de faire descendre des rayons de soleils vivifiants. Une couche de synthé vient donner de l'épaisseur au son puis le saxo, brillant, apporte sa magmatique contribution.
La sensibilité exacerbée de Kevin est tellement perceptible, pourtant il arrive à la convertir en douceur attachante pleine d'empathie.
La bioéthique, en breton dans le texte, expressive, constitue une vraie force et se transmet sans traduction.
Les compositions, maîtrisées, possèdent un charme naturel et une élégance indéniable. MEUR (GRAND)!