ECHOS
Je trouve que la psychanalyse est un domaine très intéressant.
J'ai eu l'occasion de l'étudier il y a quelques temps en Philosophie, via Freud, avec sa psychanalyse (Inconscient psychique, Pré-conscient, Subconscient, le Moi, le ça, le Surmoi) ainsi que d'autres études effectuées à ce sujet.
Je pense que c'est un domaine dont nul ne se soucie guère, et qui pourtant est vraiment significatif et intriguant !
Subséquemment, toujours en ce qui concerne la Psychanalyse, si je puis me permettre, je peux vous conseiller "La psychanalyse des Contes de Fées" par Bruno Bettelheim, qui est une réelle étude, très complète, qui comme son nom l'indique, porte sur la signification que peuvent principalement apporter les contes aux enfants.
Parmi ces significations, un exemple très concret :
"Le Petit Chaperon rouge symboliserait le personnage de la petite fille aux portes de la puberté, le choix de la couleur rouge du chaperon renvoyant au cycle menstruel. Le village et la maison de la grand-mère sont des endroits sûrs, chemin entre l’enfance et l’âge adulte. Il faut emprunter un chemin qui traverse une forêt, lieu de danger. La mère indique à sa fille le chemin à suivre, le « droit chemin » et la met en garde contre les mauvaises rencontres. Arrivée à destination, la fillette voit bien que quelque chose ne va pas mais finit dans le lit du Loup. Le Loup est ici la figure du prédateur sexuel."
Voilà, j'espère que mon commentaire vous apportera un quelconque intérêt.
Sur ce, article très intéressant.
Bien à vous.
igloodoubrazil le 03/08 à 11h35
en opérant la psychanayse par le menu, depuis son staff de départ freudien, jusqu'au dernier réassort de la self-defense théorétique des thuriféraires, l'opprobe publique qui s'est engagé à partir d'une soudaineté politique, de par un réagencement des pratiques différentes et de leur valeur respective, les tenants du "livre noir" de la psychanalyse, -qu'on pourrait nommé tout aussi bien "le livre d'or" de l'anti-psychanalyse-, semble avoir voulu jeter leur pavé dans le marc magique initial d'où à leurs yeux sortie l'eau bénite du philtre analytique; ce limon, qui avec le temps, leur parait avoir fourni aux bonnes âmes une assez indigeste limonade soluble à grand peine dans la psyché.
la décantation du ruminement de la pensée sombre, actuelle, sur l'herbe toujours plus verte d'un eternel ailleurs scientiste, a donné à l'eden initial, un air de jardin des vertiges, dans la pose héritée de la statut du commandeur, et des vestiges, dans sa geste héroïque au tout nouveau clinquant de guingois...
simple affre d'un cauchemard à l'antique, ou nouvelle donne réaliste sur la table du jeu des lois universelles!
Albin Michel, Spiritualités, Collection « L’Islam des lumières », Paris, 2007, 218 p.
Dans une conjoncture politique et sociale qui rend nécessaire la réflexion sur l’Islam et la relecture de son corpus religieux, le Coran et l’exégèse coranique sont depuis une vingtaine d’année l’objet d’un intérêt croissant chez les chercheurs arabisants. Dans le cadre de l’université tunisienne, Mohammed Talbi, Abdel Majid Charfi et leurs disciples ont ainsi essayé d’appliquer des méthodes nouvelles dans l’analyse du discours et la compréhension des faits religieux, en prenant en considération l’historicité des textes et des phénomènes. Ils ont proposé de mettre en œuvre des méthodes comparatives, en s’ouvrant aux différentes civilisations et religions de l’Orient ancien et médiéval et insisté sur l’intérêt d’exploiter les méthodes des sciences humaines et sociales. Olfa Youssef, qui a soutenu en 2002 à l’université de la Manouba une thèse d’Etat sur la pluralité des sens du Coran, fait partie de ces linguistes, sémiologues et islamologues qui ont essayé de problématiser lecture et interprétation des textes et d’attirer l’attention sur l’illisible et le non-dit. Elle s’est ensuite tournée vers la question des femmes en Islam en recourant à des interprétations psychanalytiques nourries d’une expérience propre de l’analyse. Un livre au titre provocant, ناقصات عقل و دين [Démunies de raison et de religion], où elle s’appuie en particulier sur les travaux de Sigmund Freud, Jacques Lacan, Françoise Dolto et Denis Vasse, a donné lieu à des critiques virulentes dans le monde universitaire tunisien.
Dans Le Coran au risque de la psychanalyse, Olfa Youssef propose de renoncer à la possession du sens originel du Coran et de lire ce texte dans la perspective du désir. Elle organise sa réflexion en trois temps : après avoir constaté la polysémie du texte, elle pose la question de sa lecture pour conclure à la nécessité de renoncer à la captation d’un sens définitif. Dans la première partie (« L’ambiguïté du Coran ou Dieu seul en connaît l’interprétation »), elle pose les fondements linguistiques de l’ambiguïté du Coran et s’interroge sur la façon et les raisons pour lesquelles certains versets du Coran se prêtent à plus d’une interprétation. Elle part de l’idée que cette ambiguïté sémantique est un choix de Dieu et analyse quelques situations types qui illustrent deux cas de figure : deux formes: dans le premier cas, l’ambiguïtéconcerne un signifiant pris isolément ; dans le second, elle est globale, surgissant de la confrontation de deux versets ou plus. Elle est à l’œuvre à propos de thèmes qui ont soulevé des polémiques, à savoir les questions du voile, du mariage de la musulmane au non musulman et de la désobéissance de la femme à son mari (nushûz) d’une part, de l’interdiction du vin, de la monogamie de la femme et du partage de l’héritage d’autre part. Olfa Youssef considère que les trois premiers relèvent d’une catégorie sémantique qu’elle appelle « flou de la catégorie » tandis que les trois seconds relèveraient de la polysémie. Elle montre que les nombreux vocables de sens indéterminé que contiennent certains versets ouvrent à de multiples interprétations et que les signifiés d’un mot, en variant au cours du temps, engendrent la pluralité et le glissement des sens possibles. Après avoir définit le trope comme « un énoncé qu’il faut comprendre non pas selon son sens premier, mais dans un second sens que le premier connote », le contexte permettant de faire d’un énoncé un trope (« on reconnaît une expression comme trope quand le sens propre de cette expression serait incohérent par rapport au contexte », p. 30-31), Olfa Youssef affirme que les deux types de trope, pragmatique et sémantique, sont au fondement linguistique de la pluralité du discours coranique. Elle pense que convergence des exégètes et polémique entre les écoles sont dues au conflit entre sens propre et sens figuré, conflit engendrant une infinité de sens possible. Elle remarque par ailleurs que les contradictions apparentes ou réelles ne manquent pas dans le Coran et qu’elles dépassent les sphères métaphysique et théologique pour toucher aux sphères politique et sociale. Elle affirme l’impact de ces contradictions dans l’application des versets en citant les exemples des femmes battues, de la liberté de croyance au regard de l’ijtihâd et du droit de la famille du défunt à l’héritage.
Olfa Youssef montre aussi que l’ambiguïté du Coran est parfois inhérente au langage et à ses caractères intrinsèques. Partant du fait que tout énoncé est, par la nature même du langage, marqué par le manque, elle analyse le manque sémantique qui révèle l’existence d’une ambiguïté sémantique irréductible au langage coranique, langage qui ne peut exprimer tous les référents du monde et qui est de l’ordre du symbolique. Par ailleurs, pluralité et ambiguïté de sens sont liées au « manque pragmatique », c’est-à-dire à l’insuffisance, à l’absence et à l’incertitude contextuelle. Quant au manque ontologique, il serait lié au fait que le Coran est pour les croyants atemporel, à ce que son émetteur est éternel et à ce que ses paroles véhiculent des significations multiples et nouvelles.
La deuxième partie (« À la recherche du sens perdu du Coran ») analyse les conséquences de l’ambiguïté du Coran. Son lecteur se trouve face à deux situations : soit il considère comme possibles tous les sens d’un verset, soit il fait le choix d’un seul sens. Olfa Youssef nomme « relativité interprétative » l’attitude des exégètes qui proposent plusieurs sens tout en indiquant celui qui leur semble le plus plausible. Elle remarque que le choix d’un seul sens s’est imposé aux exégètes dans l’interprétation des versets théologiques et juridiques conduisant à élire le fondement d’une conduite et l’élaboration d’une règle juridique.
Olfa Youssef affirme ensuite « l’absence du locuteur ». L’émetteur du Coran, Dieu, est, pour les croyants, absent. Or, il est en même temps le seul à connaître son intention et le sens de sa parole, le sens originel du Coran se trouvant dans « les tablettes gardées (lawh mahfûdh) de l’écriture. Le Coran originel, « mère du livre », antérieur au symbole et au langage, source de l’ambiguïté sémantique, serait inaccessible. Il serait ce que Lacan désigne par le « Réel », cette entité convenable mais non connaissable. Ainsi aucune exégèse ne pourrait rendre compte de ce sens ; n’interprétant que le discours, elle ne serait qu’un ijtihâd qui n’engagerait que l’exégète. Ce dernier, en faisant allusion à la relativité de sa lecture, resterait mu par le besoin inconscient de trouver le sens originel et de combler l’absence de ce sens. Quand la quête du sens persiste, le Coran se transforme en un ensemble de règles. Le seul sens possible s’impose alors, faisant la loi et les ulémas usent d’une violence symbolique et parfois réelle.
L’auteur lie enfin l’absence du sens originel au « désir de l’absent ». Le musulman, en approchant le Coran comme trace de la mère du livre, « renonce à demander le sens définitif, accepte l’absence de Dieu ». Il ne s’articule plus dans la dynamique du besoin et s’ouvre sur celle du désir. Le besoin engendre la quête d’une interprétation définitive qui ne satisfait jamais. Lire le Coran dans la dynamique du désir ne signifie pas décider du sens des versets, mais « consentir à se dessaisir de toute représentation pour se laisser toucher dans les profondeurs de son âme » (p. 100).
La troisième partie (« Lectures du Coran, lectures du désir ») s’intéresse à l’inconscient du lecteur du Coran qui devrait dépasser la recherche définitive du sens pour faire une lecture du désir, lecture subjective qui revendique le manque et le ratage visant le « Réel ». Cette lecture singulière et unique permettrait d’accéder à une véritable profondeur. Olfa Youssef présente sa propre lecture de certains versets, lecture qu’elle dit « autre » : elle saisit alors à nouveau la question de la femme, essayant d’éviter « les pièges de la perspective normative » (p. 106), puisant dans le concept de bisexualité psychique, faisant une lecture symbolique de l’autorité du masculin sur le féminin, ramenant la déficience des femmes en raison à la construction psychique de l’identité de la fille. Cette castration serait une clef permettant de lire d’autres versets concernant la relation entre les deux sexes. La symbolique du masculin actif conscient et du féminin passif inconscient régissant actes et paroles permet cette autre lecture. Olfa Youssef pose la question de l’homme dans sa relation à la mort, à son moi et à l’autre. Elle pense la jalousie, la vanité, l’illusion du savoir, du pouvoir et de la possession que manifeste le personnage de Satan ou Iblis. Ces traits expriment « le refus du renoncement et l’obturation du désir ». Olfa Youssef incite enfin au renoncement, « vérité du désir », et à l’obéissance absolue ; celle-ci exigerait de renoncer à l’illusion du savoir et du pouvoir et appellerait à une foi en l’Autre. Le livre se termine par un appel à s’abandonner à l’amour divin se révélant à soi. Le chemin vers cet amour supposerait la patience associée à la prière du désir, différente de celle du besoin. Mais puisque l’homme ne peut s’installer dans la sphère du désir sans retourner à la sphère du besoin, cette défaillance renforce son sentiment de culpabilité qui pourrait être allégé par la miséricorde de Dieu. L’auteur lit autrement les notions de récompense et de châtiment : en désespérant de soi et en plaçant son espoir en Dieu, le désir de miséricorde se révèle à celui qui demande le pardon et cherche le repentir. Le désir de l’autre est le signifiant de l’adoration de Dieu, ‘ibâda.
Dans ce livre qui s’adresse à un public large, non spécialiste, Olfa Youssef, tout en faisant preuve d’une parfaite connaissance des textes arabes classiques et de précision dans ses références, prend ses distances avec un mode d’exposition académique de façon à rendre accessible une approche linguistique et psychanalytique souvent ardue. Soucieuse d’expliquer les notions linguistiques à un lecteur non averti, elle oublie parfois d’élucider certains termes, au prix d’un certain flou. Il faut par exemple avoir préalablement lu L’implicite de Catherine Kerbrat-Orecchioni pour saisir la différence entre « trope pragmatique » et « trope sémantique » (p. 31) .
En choisissant d’écrire son ouvrage en français et en le publiant en France, Olfa Youssef s’adresse à un lectorat auquel elle essaie de donner une image claire des principales notions religieuses de l’islam. C’est le cas par exemple pour kuffâr (négateurs p. 25-26), nushûz (hauteur, p26-27), muhsana (femme non adultère, de condition libre, mariée, p. 28-29), umm al kitâb (la mère du livre, p.72), dhikr (rappel, p. 102)… Les diverses explications de ces notions et des termes coraniques cités dans les trois chapitres et le glossaire contribuent à élucider les versets cités et leur interprétation ; elles rendent plus claires les idées de l’auteur. Pour un lecteur ayant accès aux sources arabes et familier de la culture de l’Islam, ces mises au point peuvent en revanche sembler trop simples voire inutiles. Certaines analyses paraissent rapides, ainsi sur les versets se rapportant au voile (p. 21), à l’interdiction du vin (p. 27 et 90), aux femmes battues (p. 37) ou encore sur la relativité des lois (p. 86 sq.). D’autres ne convainquent pas, comme l’analyse psychanalytique de l’infériorité de la femme (3e partie, premier chapitre).
En affirmant l’absence du sens originel du Coran, l’ambiguïté de certains versets et la possibilité d’une interprétation multiple du Coran, Olfa Youssef appelle‑t‑elle implicitement à une relation libre avec le texte et à un accès personnel au Coran, sans intermédiaire ? En refusant les pièges de l’interprétation normative et l’exploitation actuelle de certaines interprétations, répond-t-elle indirectement aux fondamentalistes ? En exploitant la psychanalyse pour confirmer la différence des sexes, n’affirmerait-elle pas in fine que « la femme n’existe pas » ?
Dans son essai, Olfa Youssef est double. Tantôt, elle met de la distance entre elle et le texte, le traitant comme un discours qu’elle analyse linguistiquement. Tantôt, elle ne se détache pas d’un livre sacré qui l’obsède et ne parvient pas à trouver une distance suffisante avec les sujets qui la préoccupent : la femme, la mort, l’éthique et l’amour de Dieu. En invitant à une lecture spirituelle du Coran, elle tend à donner une belle image de l’Islam, comme religion qui peut conduire à la quiétude et au bonheur.
On peut regretter que Le Coran au risque de la psychanalyse ne soit pas une étude plus objective, exploitant la psychologie des profondeurs de Karl Gustav Jung et la psychologie de la motivation de Paul Diel. . Penser la symbolisation métaphysique et le Désir Essentiel en conduisant la psychologie vers le domaine de la métaphysique, tout en lui évitant l’erreur spéculative, et vers la morale, cet autre domaine de la philosophie, éluciderait mieux la relation entre l’homme et Dieu et aiderait à lire plus objectivement des versets coraniques. On peut rester insatisfait par une lecture du Coran qui renonce à la possession du sens et se laisse guider mystiquement par l’amour de Dieu. Et juger qu’on a besoin de déchiffrer le discours, de l’expliquer et de l’interpréter tout en considérant son contexte historique et sociologique. On ne peut nier le fait que la religion est un mode de production de normes collectives et de conscience sociale, ni oublier qu’elle est un ensemble de biens symboliques qui concerne la sphère du sacré et qui s’impose aux individus, les conditionnant dans leur motivation à agir avec un taux de violence symbolique élevé.
Une lecture anthropo-sociologique du Coran ne serait-elle pas d’une nécessité plus grande qu’une lecture psychanalytique ? Ne permettrait-elle pas d’élucider des versets dont l’interprétation continue de conditionner en partie la vie des musulmans ? On peut continuer à le penser.
Sihem Debbabi Missaoui, Université de Tunis-La Manouba
Dernière mise à jour : 30 juillet 2008
Elisabeth Roudinesco : “Les psy face à l’idéologie de l’expertise”
LE MONDE | 18.01.08 |
Depuis trois décennies, les Etats démocratiques s’appuient sur la science pour gouverner les peuples. Si cette politique a permis de prévenir, soigner et guérir avec succès les maladies organiques et si elle a magnifiquement amélioré notre vie quotidienne, elle n’a pas produit de résultats aussi pertinents dans le domaine de la souffrance psychique.
Ni l’étude des gènes ni celle de la plasticité cérébrale n’ont encore réussi à donner naissance à des traitements efficaces des maladies mentales, pas plus qu’elles n’ont permis de venir à bout de ces “maladies de l’existence” que sont névroses, dépressions, angoisses, passions, addictions, volonté de se détruire, etc. Tout au plus a-t-on mis au point des médicaments de l’esprit (ou psychotropes) qui ont contribué à faire vivre les psychotiques au sein de leur famille et surtout à apporter une tranquillité à ceux qui risquaient d’être dangereux pour eux-mêmes, pour leur entourage et pour leurs employeurs.
Mais il y a eu un prix à cette entreprise. La gestion des populations par la médecine et la biologie a favorisé l’éclosion d’une idéologie sécuritaire consistant à réduire chaque citoyen à un misérable petit tas de neurones soumis à toutes sortes d’évaluations. Au sujet politique, héritier des Lumières, s’est substitué l’homme comportemental, quantifié, chosifié, inféodé à une norme tyrannique et auquel on accorde une identité religieuse ou ethnique tout en se moquant des engagements universalistes jugés dangereux, au même titre que les idéaux de Mai 68 : vouloir changer le monde ou lutter contre les inégalités. (more…)