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(Note de lecture), Didier Cahen, Transpoésie, par Isabelle Baladine Howald

Par Florence Trocmé


Trois poèmes, puis un seul, et un livre

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Durant huit années dans « Le Monde des livres », sous la direction de Jean Birnbaum, le poète et et essayiste Didier Cahen a publié tous les vendredis trois fois trois vers d’un poète de son choix.
La place de la poésie est si minuscule que nous étions toujours partagés entre le « c’est mieux que rien » ou « c’est même pas la peine ». Maintenant, sauf exception, il n’y a vraiment plus rien.
Une réparation a peut-être lieu : ces trois fois trois vers sont certes des extraits, mais maintenant assemblés ils forment aussi un poème souvent étonnant, accompagnés d’une petite notice présentant l’auteur.
Ils sont à présent réunis dans un livre Trans/poésie chez Erès dans la collection po&psy.
Cet ouvrage a le mérite d’une poésie sans frontières et sans chronologie, on y trouve en effet des poètes du monde entier.
En voici un exemples de trois vers chacun, dans l’ordre : Miriam Nowicka, Charles Reznikoff, Anne-Lise Blanchard :
Les cellules hermétiquement closes
étaient remplis de gaz. Les murs
portaient les traces des ongles des suppliciés.
Les corps étaient jetés dehors très vite
parce que d’autres arrivaient :
des corps bleuis, humides de sueur et d’urine…
Non ce n’était pas une chimère
j’étais parmi ceux qui vivaient là
dans la nuit des consciences, à l’ouest du continent.

On aura reconnu le thème des camps, leitmotiv de trois strophes dans un poème qui est de trois poètes différents.
Didier Cahen a réussi à donner une cohérence qui n’avait rien d’évident et cette tentative est réussie. On trouve ainsi beaucoup de thèmes, la nuit, l’amour, la perception du monde, la culpabilité, la promenade, le selfie mais oui, et bien d’autres.
Avec ces choix, c’est aussi son désir de livre à lui et en quelque sorte de lui qui se donne à voir.
Ainsi une petite rubrique qu’il a eu le mérite de tenir durant huit ans dans un journal pour qui la poésie est sans doute un ovni en langue étrangère donne un vrai livre, il fallait le faire !
Isabelle Baladine Howald

Didier Cahen, Trans/poésie,  Erès 197 p., 18€
Signalons conjointement la parution de poèmes de Didier Cahen Contes d’avant l’heure, chez Tarabuste, 79 p 12€, des tercets de vie et de pensée pour ce poète passionné d’Edmond Jabès, de Jacques Derrida et d’André du Bouchet auxquels il a consacré des essais, dont le très émouvant Trois pères, Jabès, Derrida, du Bouchet chez Au bord de l’eau.


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