Un vaccin contre la malaria… inutile pour le tiers monde

Publié le 03 août 2008 par Raymond Viger

Un vaccin contre la malaria… inutile pour le tiers monde
Anissa Rahma Cheikh

(Agence Science-Presse) - Avec près d’un million de victimes chaque année, la malaria, connue aussi sous le nom de paludisme, constitue le défi scientifique de la décennie. Même si le vaccin expérimental de la pharmaceutique GlaxoSmithKline (GSK) suscite l’enthousiasme, il pourrait être utile aux touristes bien avant de secourir les populations les plus touchées.

Un vaccin pour les touristes?

Le vaccin de la compagnie pharmaceutique protégerait des enfants contre les formes sévères du paludisme pendant au moins six mois. Ce vaccin vise en fait la forme du parasite transmise par les moustiques, le sporozoïte. Après la vaccination, le système immunitaire induit la production d’anticorps et de globules blancs contre le sporozoïte, l’empêchant de survivre et de se développer dans le foie.

Cependant, Tatiana Scorza, chercheuse en parasitologie et immunologie à l’Université du Québec à Montréal, reste sceptique en ce qui concerne le nouveau vaccin. Selon elle, « le vaccin de GSK cible la phase hépatique, et vise à empêcher l’infection, dans le cas de personnes saines qui se dirigent vers des zones endémiques, comme les touristes ou les militaires. Préventif, le vaccin ne peut aider les gens déjà infectés. Il est donc inutile pour les résidents. Malheureusement, GSK n’investira jamais pour la création d’un vaccin visant particulièrement les habitants africains des zones touchées par la malaria. »

Même si les résultats obtenus par GSK sont encourageants, le vaccin n’est pas encore sur le marché, et d’autres études seront nécessaires afin d’en valider l’efficacité.

La moustiquaire, plus efficace?
En ce moment, le contrôle de la maladie prime sur son éradication. Les pays africains ont mis en place des programmes préventifs, afin d’éviter les piqûres des moustiques. Asperger les moustiquaires « ciel de lit » et les maisons d’insecticides, traiter à titre préventif les femmes enceintes et les individus déjà atteints constituent les volets de ce programme.

Lorsqu’interrogée sur l’usage de ces moustiquaires aspergées d’insecticides, la professeure Scorza répond : « La malaria est une maladie de pauvres. Le prix de ce type de moustiquaire est d’environ un dollar. Ces personnes ne peuvent se permettre cet achat. Alors qu’en est-il de l’obtention d’un vaccin qui vaudra évidemment bien plus qu’un dollar? Cela demeure un problème socio-économique qui se répercute sur l’incidence de la maladie. »

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