David et Goliath

Publié le 02 août 2008 par Rendez-Vous Du Patrimoine



Dessin représentant le combat de David et Goliath (XVIe siècle, archives départementales de Seine-et-Marne)

L'Ancien Testament rapporte l'histoire de David qui affronte le géant Goliath (Samuel, 17) : le petit berger "au teint clair et à la jolie figure" abat de sa fronde Goliath le géant armé de pied en cap qui malgré sa cuirasse et son épée, malgré sa taille de "six coudées et un empan" (plus de 2m 80), tombe à la première pierre. David alors n'a plus qu'à lui trancher la tête en utilisant sa propre épée.
L'histoire est si belle qu'elle est devenue quasi proverbe pour symboliser la victoire des petits sur les grands et la puissance des bons contre les méchants. Les artistes, y compris anonymes, se sont emparés du mythe.
Les plus humbles en ont fait des croquis, sommaires mais bien reconnaissables et fort touchants (ci-dessus, début XVIe siècle), les plus connus en ont fait d'immenses tableaux à la gloire de David (devenu lui-même géant !), comme Rubens en 1616.

Le mythe peut aujourd'hui encore inspirer toute action menée par les petits contre les grands, sachant que le combat n'est jamais perdu d'avance.
Il me paraît bien s'appliquer à la ténacité de certaines associations qui n'hésitent pas à affronter plus gros qu'elles pour soutenir une cause qu'elles estiment juste.
Dernièrement c'était le cas du Comité Laennec-Turgot qui, à Paris, vient d'obtenir une "belle victoire" avec l'annulation le 27 juin 2008 par le tribunal administratif de Paris d'un permis de construire et de démolir délivrés en 2006 et 2007 par la mairie du 7e arrondissement. Ce permis était au bénéfice de l'opération menée par la Cogedim sur le site de l’ancien Hôpital Laennec vendu par l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris en 2002.
Il prévoyait notamment, outre la rénovation des bâtiments historiques, la réalisation de 210 logements (dont 120 logements sociaux comprenant une résidence étudiante de 50 logements) et d’un centre de gérontologie de 40 chambres.
L'un des arguments de l'annulation portait sur l'« harmonisation insuffisante du projet avec les lieux avoisinants et une atteinte à la visibilité des bâtiments historiques conservés dans le cadre de l’opération ». Le Tribunal considère que « le Maire de Paris a commis une erreur manifeste d’appréciation » sur ces éléments en accordant ces permis.

Le Comité Laennec-Turgot, qui tient le journal de cette aventure sur son blog, demande avant tout que le public puisse :
- accéder à la cour d'honneur et à la chapelle,
- aller de la rue de Sèvres au jardin potager jouxtant le jardin Catherine Labouré situé rue de Babylone,
- sur les murs de la rue de Sèvres et sur le mur extérieur du jardin Catherine Labouré la création d'un lieu de mémoire rappellant l'histoire du lieu.
Ce lieu prestigieux (ancien hospice des Incurables en 1634), classé Monument historique, mérite en effet une valorisation à la hauteur des personnages qui y sont associés : le fondateur, le cardinal de La Rochefoucauld (1548-1645), l'économiste et homme d'Etat Turgot (1727-1781) ainsi que quatre générations de Turgot, le grand médecin Laennec (1781-1826).
Pour autant, il ne s'agit pas de muséifier tout le quartier ni d'empêcher une réhabilitation indispensable, au nom des défunts. Simplement, (mais est-ce si simple ?) faire cohabiter passé et présent dans un projet respectueux et ouvert aux parisiens.
Alors David contre Goliath ?
Pour vous faire une idée, rendez-vous sur place au moment des journées du patrimoine le samedi 20 septembre à partir de 15 h. avec un "moment musical" et festif offert par le Comité devant l'hôpital (45 rue de Sèvres, 75007).

Merci pour votre lecture ! Thank you for reading !