L'entrée en école d'ingénieur: trop poreuse au bachotage?
Certaines voix s'élèvent de façon virulente contre l'examen d'entrée aux écoles d'ingénieurs informatique, les fameuses IIT. Communs à toute l'Inde et destinés à permettre la sélection la plus large possible ces JEE (Joint Entrance Examination) sont devenus une cible de choix pour les "boîtes à bac" plus ou moins sérieuses qui fleurissent dans toute l'Inde, même des villes reculées. Des campagnes d'affichage monstrueuses couvrent les murs jusque dans les villages, et il est parfois facile de douter du sérieux de celles-ci. Comme cet institut qui a placardé des centaines d'affiches proposant une formation à la technologie, je cite, dot next (au lieu de dot net).
Les instituts les plus sérieux semblent toutefois capables de faire des miracles, et c'est ce que déplorent les directeurs des grands instituts de technologies. Moyennant finances, ils dispensent des méthodes qui permettent comme le dopage sur le tour de france de transformer des mulets en chevaux de course. Le vrai problème reste que les meilleurs potentiels, et notamment ceux qui ont d'excellentes compétences de communication (et l'on sait combien cela manque aux gros des ingénieurs Indiens) voient leur accès barré par des "moins que bons", selon l'expression des Directeur et Doyen de l'IIT de Madras (Chennai). Encore plus regrettable, ce mode de sélection basé sur des vastes QCM de connaissances scientifiques générales, est plus difficile d'accès pour les filles, encore une fois, car les familles hésitent davantage à investir pour elles les sommes importantes que demandent les instituts de formations privés qui ont selon les hauts responsables de l'IIT de Madras, "cracké" le JEE. Selon eux un contrôle continu serait plus efficace pour ouvrir le chemin aux meilleurs.
Il reste néanmoins des Directeurs de IIT comme celui de Bombay (Mumbai) qui pensent que le JEE est un moindre mal tant qu'aucune meilleure alternative n'est proposée.
Les Entreprises Indiennes, qui sont finalement les plus intéressées par la question, ont de plus en plus conscience que le système actuel ne leur permet pas de disposer des meilleurs éléments qui pourraient leur permettre de passer le nouveau cap indispensable à leur croissance et survie. Celles qui ont compris qu'il leur faut maintenant proposer de la valeur ajoutée aux clients étrangers et se démarquer de l'image offshore à bas prix, peinent à trouver les profils compétents et passionnés dont ils ont besoin.
(article en anglais paru dans le Times of India, 31 juillet 2008)
Posted by Frédéric DONNETTE at 8:56 AMEdited on: dimanche 03 août 2008 9:11 AM
Categories: Actualités