- Non, dit l’avocat, je ne vais pas plaider en votre faveur contre cet homme-là. Vous pouvez demander à un autre avocat de
s’occuper de cette affaire ou vous pouvez retirer votre plainte. C’est comme vous voulez.
- Vous pensez qu’il n’y a rien à gagner là-dessus ?
- Vous pourriez probablement gagner quelque chose mais cet argent proviendrait de la vente de la petite maison où ce monsieur
vit actuellement et qu’il appelle «chez lui» ! Mais, de toute façon, je ne veux plus me mêler à cette affaire.
- Vous avez peur, n’est-ce pas ?
- Pas du tout.
- Je suppose que le monsieur a prié longuement pour qu’on le laisse tranquille ?
- Oui, tout à fait.
- Et vous avez cédé à ses prières ?
- Oui.
- Mais qu’est-ce que vous avez fait ?
- Je crois que j’ai versé quelques larmes.
- Et le vieux gars vous a prié longuement, vous dites ?
- Non, je n’ai pas dit ça. Il ne m’a adressé aucun mot personnellement.
- Alors, est-ce que je peux me permettre de vous demander à qui s’est-il adressé ?
- À Dieu le Tout Puissant.
- Alors, il s’est mis à faire une prière, n’est-ce pas ?
- Pas pour mon bénéfice en tout cas. Vous voyez, j’ai trouvé la petite maison assez facilement et j’ai frappé à la
porte d’entrée qui était restée entrouverte mais personne ne m’a entendu, alors je suis entré dans le petit couloir et j’ai vu, par une porte entrebâillée, une chambre confortable et, étendue sur le lit entre des coussins, une vieille dame aux cheveux argentés, qui
ressemblait à ma mère la dernière fois que je l’ai vue en vie. J’étais juste sur le point de frapper à la porte quand elle a dit : «Ça va, mon père,
commencez, je suis prête».
Agenouillé à côté d’elle, il y avait un vieil homme aux cheveux blancs, encore plus âgé que son épouse, alors je n’aurais jamais frappé à la porte pour rien au monde. Il commença. D’abord, il rappela le fait qu’ils étaient toujours des enfants
obéissants de Dieu et que peu importe les décisions qu’Il prendrait pour eux, ils ne devaient pas se révolter contre sa volonté.
Bien sûr, il serait très dur pour eux de devenir sans-abris à leur âge, surtout pour la pauvre femme qui était très malade et
affaiblie. Si seulement un des garçons avait été épargné !
Ensuite, j’entendis la voix cassée du vieil homme et une main blanche sortit de la couverture et se posa doucement au-dessus
de ses cheveux enneigés. Puis, il continua de répéter que rien d’autre – à part la perte de sa femme – ne pouvait être aussi douloureux que la perte de leurs
trois fils mais il se consolait du fait que Dieu savait très bien que ce n’était pas de leur faute s’ils étaient menacés de quitter leur chère petite maison, ce qui signifiait qu’ils allaient devoir mendier et se loger dans un refuge pour les pauvres, un endroit
qu’il aurait voulu éviter à tout prix si telle était la volonté de Dieu.
Puis, il cita une multitude de promesses relatives à la sécurité de ceux qui placent leur confiance en Dieu. En fait, ce fut
la prière la plus ardente que j’aie jamais entendue. Enfin, il demanda la bénédiction de Dieu pour tous ceux qui étaient sur le point d’exiger la
justice.
L’avocat continua plus humblement que jamais :
- Et je crois que je préfère aller moi-même au refuge pour pauvres dès ce soir plutôt que me salir avec ce procès.
- Vous avez peur d’aller à l’encontre de la prière du vieil homme, hein ?
- Au nom de Dieu, mon cher, nous ne pourrons aller à l’encontre ! dit l’avocat. Je vous dis qu’il a laissé l’affaire entre les
mains de Dieu. Il a affirmé que nous sommes invités à faire connaître nos désirs à Dieu mais de toutes les plaidoiries que j’ai jamais entendues, celle-ci a
été la meilleure. Vous savez, dans mon enfance, on m’a appris ce genre de choses. En tout cas, je me demande pourquoi je suis arrivé dans cette maison à ce
moment précis pour entendre cette prière. Je l’ignore mais je préfère renoncer.
L’influence de l’éducation reçue
- J’aurais préféré ne jamais entendre parler de cette histoire de prière, dit le client gêné.
- Pourquoi ?
- Parce que je veux l’argent que cet endroit pourrait m’apporter. Mais on m’a enseigné aussi la Bible quand j’étais jeune et
je ne pourrais pas aller à l’encontre de ce que vous m’avez raconté. Ç’aurait été mieux si vous n’aviez pas entendu un seul mot de cette prière. D’habitude,
je n’écoute même pas les pétitions qui ne me soient pas adressées directement.
L’avocat sourit.
- Cher Monsieur, vous vous trompez encore. Cette pétition nous a été adressée à tous les deux. C’est Dieu Tout Puissant qui
l’a voulu ainsi. Je me souviens que ma vieille mère avait l’habitude de chanter «Dieu agit de façon mystérieuse».
-
Eh bien, ma mère chantait aussi ce même chant, déclara le demandeur
pendant qu’il retournait entre ses mains les documents de sa demande.
Vous pouvez appeler le vieil homme et sa femme demain matin si vous le
voulez pour leur dire que l’affaire est résolue.
- D’une façon mystérieuse, ajouta l’avocat, souriant.
Il est impossible d’atteindre le succès sans l’aide de la prière.
Ni cette leçon ni le cours dont elle fait partie n’est basé sur un recours aux sentiments émouvants mais il est vrai que le
succès, dans sa forme la plus haute et la plus noble, permet en fin de compte de considérer tous les rapports humains avec un sentiment d’émotion profonde,
comme ce que cet avocat a ressenti quand il a entendu la prière du vieil homme.
Cette idée n’est peut-être plus à la mode mais d’une façon ou d’une autre je crois fermement que personne ne peut atteindre le
succès dans sa forme la plus noble sans l’aide d’une prière sincère !
La prière est la clé qui permet d’ouvrir la porte secrète.
En cette époque des affaires mondaines, quand la majorité des gens se concentrent sur l’accumulation de richesses ou sur la
lutte pour la simple existence, on oublie facilement et presque naturellement le pouvoir de la prière fervente.
Je ne dis pas que vous devriez utiliser la prière comme un moyen de résoudre vos problèmes quotidiens immédiats. Non,
je ne vais pas affirmer cela dans un cours destiné aux personnes qui
sont à la recherche de la route vers le succès mesuré en euros mais je
me permets de vous suggérer d’essayer la prière si les autres chemins
ne vous ont pas mené au succès voulu.
Napoléon Hill