L'initiative vient de la Caisse Nationale d'Assurance Maladie (CNAM ) qui entend imposer la transparence en matière de soins médicaux et dentaires. Depuis fin juillet 2008, la CNAM rend possible pour un praticien donné la consultation des tarifs des soins de base (carie, dévitalisation, etc.) et des actes les plus courants donnant lieu à des dépassements d'honoraires (pose de couronne, orthodontie, etc.).
Tarifs à la demande
Pour cela, il suffit à chaque assuré de se connecter sur la page Annuaire des professionnels de santé du site de la CNAM et de remplir un formulaire : nom et prénom du praticien, profession (chirurgien-dentiste, spécialiste en orthodontie ou orthopédie dento-faciale), situation géographique, etc.
Un clic et (en théorie) le serveur de la CNAM vous donne "l'adresse du professionnel de santé de votre choix", ainsi qu'une "idée des tarifs qu'il pratique" et vous dit même "s'il accepte la carte Vitale".
Précisions de la CNAM: "Tarifs de certains actes dentaires sur les six derniers mois et mis à jour chaque trimestre. Mises à jour effectuées par l'Assurance Maladie."
Réel "plus" pour le patient ?
La possibilité de connaître les tarifs d'un praticien, dentiste ou orthodontiste, participe de la transparence de l'information du patient. Cependant, ce dernier aurait tort d'en faire l'unique critère de choix dans sa recherche d'un bon dentiste. En effet, un tarif seul ne veut rien dire s'il n'est accompagné du descriptif précis de la prestation correspondante. En dentisterie, comme dans d'autres domaines, il y a soin et soin. Ainsi, il y a un gouffre en matière de biocompatibilité et d'esthétique entre un soin effectué avec un amalgame ou plombage et le même avec un composite, les deux étant pourtant remboursés de manière identique par la caisse. Un dentiste d'approche holistique emploie des matériaux plus biocompatibles, donc plus coûteux, recourt à des tests spécifiques pour détecter les champs perturbateurs d'origine dentaire et au final, pour un même type de soin, passe plus de temps au fauteuil que son confrère travaillant de manière conventionnelle. À titre d'exemple, il faut deux fois plus de temps pour poser un composite qu'il n'en faut pour un amalgame. Ces prestations particulières justifient un supplément d'honoraires. Ceux-ci, d'après le code de déontologie, doivent être fixés avec "tact et mesure" par le chirurgien-dentiste. À l'inverse, le coût plus élevé des soins n'est pas une garantie de qualité car certains utilisent le terme porteur d'holistique pour réclamer des honoraires pas toujours justifiés par la qualité des prestations proposées.
Comment le patient peut-il s'y retrouver ?
Même s'il est important, le coût des soins n'est qu'un élément d'information parmi tous ceux que le patient est en droit d'attendre dans le cadre d'une politique de transparence. La manière dont le soin va être réalisé, avec quels matériaux, selon quel protocole (en une ou plusieurs séances) sont au moins aussi importants que le coût final de la prestation. Faire un choix éclairé implique pour le patient de s'informer des soins qu'on doit lui faire. Connaître les bonnes pratiques en dentisterie holistique* (par exemple, les précautions à prendre lors de la dépose des plombages, comme expliqué dans cet extrait du Pratikadent sur le site des éditions) lui permettra d'évaluer les soins proposés, non seulement en terme de coût mais aussi de qualité. Ne pas tenir compte des tarifs serait une erreur, en faire son unique critère de choix le serait tout autant.
* Voir le Pratikadent, dictionnaire holistique des atteintes dentaires et de la biocompatibilité des soins (fiche détaillée avec de nombreux extraits sur le site des éditions Luigi Castelli)