Selon le baromètre CSA pour « Le Parisien/Aujourd’hui en France » et I-télé, la cote de confiance de Nicolas Sarkozy aurait gagné quatre points (4%). Celle du premier ministre de l’intendant François Fillon n’en gagnerait un (normal, c’est l’intendant… non mais !).
Au total, 40% des Français feraient confiance au chef de l’Etat contre 36% il y a un mois. 51% ne lui font pas confiance, soit une baisse de 5% par rapport au mois dernier. Le baromètre indique que 9% des personnes interrogées ne se sont pas prononcées (90 personnes*). Ces 9% sont donc inexploitables.
En effet, on impose à ce dernier pourcentage la philosophie implicite d’un résultat électoral. Or, si un bulletin nul ou blanc ne compte pas, parce qu’on ne peut lui donner de sens précis (Contestation ? Désintérêt ? Réelle indécision ? Bulletin vicié par un commentaire manuscrit?…), l’absence de réponse à un sondage ne signifie pas que la personne sondée n’a aucune opinion sur Sarkozy et qu’elle ne la manifestera pas, en bien ou en mal, lors de prochaines consultations électorales. En outre, elle a pu avoir délibérément choisi de ne pas répondre, comme elle a pu ne pas avoir compris le sens de la question qui lui avait été posée, etc.
Bref, avec 9% de « sans opinion », on ne peut donc tirer aucun enseignement de ce type de sondage mensuel qui, d’ailleurs, s’intitule curieusement « baromètre ».
Or, qu’est-ce qu’un baromètre ? C’est un instrument de mesure, utilisé en physique et en météorologie. Il sert à mesurer la pression atmosphérique. La mesure du baromètre a pour objet l’immédiateté, c’est-à-dire qu’il donne un aperçu des basses et hautes pressions au moment où elles s’exercent. A partir des mesures effectuées, on peut faire des prévisions de changement de temps qui, d’ailleurs, ne dépassent guère quelques jours. Et encore convient-il de préciser que les mesures barométriques sont complétées et éclairées par d’autres instruments de mesure et de modélisation, dont certains sont de plus en plus sophistiqués grâce notamment à l’électronique.
(L’été où est-il ? – Boby Lapointe)
Mais, bien évidemment, il n’en est rien pour les « baromètres » dont la presse française use et abuse. Bien que l’opinion soit implicitement réduite à l’air du temps, aux caprices de la météo, etc., les médias s’efforcent systématiquement de dégager de la versatilité des personnes sondées, des tendances lourdes, des frémissements, des cohérences, des significations sur le long terme, afin d’en extirper des conclusions qu’ils assènent ensuite plus ou moins péremptoirement.
C’est la raison pour laquelle il n’est pas du tout étonnant que certains médias se soient immédiatement emparés du dernier baromètre CSA pour amplifier la soi-disant remontée de Nicolas Sarkozy, laquelle est pour l’instant très loin de se vérifier.
C’est donc sans surprise que Le Parisien et Le Figaro voient dans ce résultat « Une embellie estivale ». De son côté, Challenges croit y déceler une « nette remontée » du Leader Minimo.
On peut être sûr que la propagande sarkoziste ne manquera pas d’exploiter à fond ce « résultat » et de l’interpréter comme un soutien à la politique actuellement menée.
De toute façon, même si dans les prochains jours cette remontée se confirmait, il serait bien entendu très imprudent d’en déduire une « ré-adhésion » des Français au sarkozisme. L’embellie de l’été, c’est un peu comme les statistiques du chômage. On sait que la période estivale est propice au travail saisonnier et précaire qui fait baisser temporairement les courbes du chômage (baisse dont tous les gouvernements tentent de se prévaloir). Il ne serait donc pas anormal que Sarkozy profite en quelque sorte de cette trêve annuelle durant laquelle les Français font un break (du moins ceux qui le peuvent).
(*) Sondage réalisé par téléphone le 30 juillet auprès d’un échantillon national représentatif de 1.005 personnes, âgées de 18 ans et plus, constitué d’après la méthode des quotas.