La FCO, fièvre catarrhale ovine, ou maladie de la langue bleue qui sévit en France est un sacré problème qui dure depuis des mois dans les élevages de la région. Problème au niveau du travail mais aussi d’ordre économique.
Pour moi ça a commencé à l’automne dernier. Il a fallu desinsectiser. La maladie est transmise d’un animal à l’autre par un moustique, et pour le combattre il faut verser sur le dos de chaque animal quelques cc d’un insecticide rémanent. Mon élevage avait été désigné comme ” élevage sentinelle” . Il fallait faire des prises de sang sur 10 animaux tous les 15 jours pour analyses.
Puis le département est passé en zone infestée. Là plus question de vendre pour l’exportation ou vers des zones saines sans analyses sanguines. Dès que j’ai eu vendu les premiers taurillons j’ai appelé le véto pour les prélèvements et du attendre le résultat. Heureusement négatif.
L’hiver se passe tranquillement coté maladie. Plus de moustique, plus de risque de transmission. Mais le gouvernement décide de lancer une campagne de vaccination au niveau national. Mais le temps que la machine se “mette en branle” les premiers vaccins arrivent au compte goutte,seulement pour les broutards mâles destinés à l’Italie. Malheureusement les animaux sont déjà partis au pré; ç’aurait été pourtant si facile à l’écurie. Je n’ai droit qu’à 7 vaccins. 1 mois après il faut faire les rappels et je peux en vacciner 10 autres…..sous une pluie battante. Plus tard je pourrai faire les femelles nées en 2007. A chaque fois il faut amener les animaux dans les parcs et attendre le vétérinaire. C’est beaucoup de travail et de temps passé.
Le commerce s’en est trouvé perturbé car il faut attendre 2 mois après la 2ème injection pour commercialiser. On ne peut plus vendre quand on veut. Aussi on s’est trouvé avec des périodes sans pouvoir faire de commerce alors qu’une demande importante tirait les prix vers le haut. Et quand la durée de rétention était terminée l’afflux d’animaux vaccinés faisait “craquer” les cours.Je ne suis pas trop mal tombé pour les 7 premiers vendus car ils avaient été vaccinés avant le 1er mai; un seul mois d’attente suffisait (allez comprendre pourquoi) et j’ai pu les vendre à un moment ou le marché n’était pas trop encombré.
Mais en juin le gros morceau à avaler a été la vaccination du troupeau reproducteur. Ce n’est pas obligatoire mais fortement conseillé. J’ai un peu tergiversé. Mais les effets possibles de la FCO sur les vaches, maladie ,avortement, stérilité, voire mort, veaux nés pas viables, le tout exagéré par la rumeur, m’ont poussé à vacciner. Il a fallu prendre rendez-vous car immuniser des milliers de vaches et parfois de veaux n’est pas une mince affaire et la liste d’attente a eu vite fait de s’allonger chez le véto. Alors pas trop de choix de la date et de l’heure. C’était fixé pour le 12-6 et le 3-7 les après-midi. A cette heure les animaux sont plus difficiles à manipuler. J’ai demandé du renfort aux voisins qui sont venus à 3 pour m’aider à amener les 4 troupeaux; les mettre en parc. On en a même mis en attente dans une rue, la rue des Chambons, à proximité pour être prêts à l’heure dite. Un sacré boulot. La vaccination elle-même est très rapide; 2 cc vers la queue en sous-cutané.
On aurait pu faire beaucoup plus facile en vaccinant nous même à des moments plus favorables,sans précipitation et sans stress. On a tous l’habitude de faire certains vaccins. Pourquoi pas celui-là? Une polémique s’était d’ailleurs engagée entre éleveurs et vétérinaires. Pour ceux-ci, ces milliers de vaccins sont venus comme une manne inespérée et bon nombre d’entre eux n’ont pas voulu, et c’était leur droit, délivrer les doses. Il faut cependant dire que certains ont joué le jeu et on laissé vacciner leurs clients eux-mêmes.
Chez moi je crois qu’ils sont venus 8 fois,pour environ 200 vaccins. je me demande combien cela va coûter. On entend parler de 0,90 euro le coup d’aiguille (par tête ) et 30 euros à chaque vacation. Cela reste à voir et il va falloir discuter.
Et tout ce travail risque d’être remis en cause. Ce dont je viens de vous parler concerne le virus de la FCO stérotype 8. Mais on commence à nous prévenir que le stérotype 1 remonte d’Espagne et que les mêmes problèmes vont se représenter avec en premier lieu la difficulté d’exportation vers l’Italie et encore une chute des cours
je trouve que les perdants sont toujours les mêmes et que si on continue comme ça l’élevage allaitant va connaître une crise majeure dans les mois qui viennent
A bientôt