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Alors que les risques de transition pèsent davantage sur les entreprises les plus émettrices de CO2, les risques physiques peuvent toucher un spectre beaucoup plus large d’activités. En effet, ces derniers vont avant tout dépendre des implantations géographiques des sociétés. Certains pays, en particulier les pays en développement, sont déjà et seront davantage touchés par les effets du changement climatique. Les pays plus industrialisés ne seront pas exemptés, avec d’ailleurs des niveaux de risque qui peuvent varier au sein d’un même état. Les crues de cet été en Belgique et en Allemagne nous ont rappelé que les entreprises situées à proximité de fleuves sont déjà largement exposées. Sociétés de service ou industries, les risques physiques liés au changement climatique vont concerner toutes les entreprises, sans distinction de secteur ou de contribution au changement climatique.
Au-delà de ces effets immédiats liés au dérèglement du climat, ce sont aussi des risques indirects qui pèsent sur la plupart des entreprises, et ce, au travers de leur chaine de valeur. Les crues en Belgique et en Allemagne n’ont en fait pas seulement touché les entreprises inondées, mais également toutes les entreprises, notamment françaises, dont l’approvisionnement transite habituellement par le Rhin. Entre le 13 et le 23 juillet, certaines stations-services du Haut-Rhin ont observé des pénuries de carburant, le niveau trop élevé du fleuve empêchant le passage des barges d’approvisionnement. Si les entreprises ont effectivement pu trouver des alternatives, les délais de livraison ainsi que les coûts ont eux significativement augmenté. Et ce n’est pas la première fois que ce genre de situation se produit. Mais ces dernières années, c’étaient plutôt les sécheresses (!) – dont la fréquence augmente avec le changement climatique – qui avaient abaissé le niveau du Rhin, avec pour conséquence les mêmes effets sur l’offre en carburant.
Ces phénomènes sont d’autant plus préoccupants qu’aujourd’hui, 70 % des échanges internationaux dépendent de chaînes de valeur mondialisées, et que certains fournisseurs, par secteur d’activité, ont tendance à se concentrer dans des zones géographiques limitées. La moindre perturbation climatique sur une route de transit ou dans une zone finalement extrêmement localisée peut provoquer des perturbations considérables sur toutes les entreprises en aval de la chaine de valeur.
Les dernières semaines ont encore témoigné de la vulnérabilité de ces chaînes de valeur : Alors que son carnet de commande était plein, le constructeur automobile Renault a dû faire face à une pénurie de composants électroniques qui l’a amené à fermer environ 50 % de ses usines en France. Si les causes de cette pénurie ne sont a priori pas climatiques, elles laissent entrevoir les potentielles conséquences du dérèglement du climat dans les années à venir.
Le CDP (Carbon Disclosure Project) a d’ailleurs déjà estimé à 120 milliards d'euros le coût des effets du changement climatique sur les chaines de valeurs pour les cinq prochaines années. 120 milliards d'euros qui nécessairement se répercuteront sur les acheteurs finaux.