Scène 2 (suite et fin)
CUNEGONDE (gravement)
Comment va la Grande Ourse ?
DAKTARI
Trône-t-elle encore ?
ROSIE
Ma foi je n’en sais rien.
DAKTARI
Vraiment, quelle pécore !
ROSIE
J’ai beau lever le nez vers les constellations,
Je ne comprends que dalle à leur disposition.
FIFI
Qui te parle d’étoile ô femme demeurée ?
C’est de la Reine enfin que l’on te veut parler.
ROSIE (sur la défensive)
J’interdis qu’on me brusque et qu’on émette un doute
Sur mes capacités. Je sais être aux écoutes.
DAKTARI
On ne le dirait pas.
CUNEGONDE
Laissez-la s’exprimer.
ROSIE
La Régente, mon dieu, pour l’instant est sauvée.
Sa sœur a pris le large après ce coup d’état
Qui n’a servi de rien mais a fait des dégâts.
CUNEGONDE (vivement)
Des blessés ? Des morts ? Ah !
ROSIE
Non, quelques vases cassés
Et des tapis persans qu’il faut raccommoder.
CUNEGONDE (la main sur la poitrine)
Comme mon cœur s’émeut devant un tel discours.
J’ai cru un bref instant me trouver à la cour !
J’ai cru revoir hélas ces valets du système
Qui de ce beau pays se proclament la crème !
DAKTARI (à Fifi)
Et allez donc ! Pour toi !
FIFI
Te crois-tu oublié*,
Amnésique docteur, faux cul de la pensée ?
ROSIE
Mais la Grande Ourse sait que ce calme apparent
Cache des sentiments très noirs et très violents.
Réfugiée dans le Nord, sa sœur a des appuis
A la cour, dans l’armée, et dans tout le pays.
Ses espions sont à l’œuvre et personne ne sait
Ce qu’ils sont, ce qu’ils voient, et quels sont les secrets
Dont par pure malice ils se sont rendus maîtres.
CUNEGONDE
Il est temps, je le crois, de me faire connaître.
Rends-toi donc à la cour, annonce l’arrivée
De celle qu’on attend et qui va tout régler.
(Rosie la Terreur s’incline et sort de l’igloo. On l’entend tousser très fort.)
(A suivre)