Marie-Sabine Roger – Dernière visite à ma mère

Par Yvantilleuil

Avec « Dernière visite à ma mère » Marie-Sabine Roger partage un récit sur les dernières années de sa mère nonagénaire.

Tout débute par une grande maison familiale devenue trop grande, qu’il faut tout d’abord échanger contre un petit appartement où le vide prend un peu moins de place, puis qu’il faut se résigner à également quitter afin d’être placée dans une résidence pour personnes âgées dépendantes. Le début d’un lent et inexorable déclin pour une mère qui, déjà distante de huit heures de route, s’éloigne chaque jour un peu plus de Marie-Sabine Roger… 

Sous forme de journal intime, Marie-Sabine Roger trouve les mots justes pour décrire cet éloignement progressif avec pudeur, courage, amertume et sensibilité. S’interrogeant sur cette société qui « place » ses anciens dans des mouroirs, elle pointe du doigt le manque de personnel et de moyens qui condamnent les personnes âgées à des conditions de (fin de) vie inhumaines. Perte de contacts sociaux, perte du sourire, perte d’autonomie, perte de mémoire, perte de la dignité, perte de la parole, perte de l’envie même de vivre… de ce décompte qui précède la mort ne demeure finalement que le silence. 

Si Marie-Sabine Roger s’insurge des conditions de fin de vie de sa mère, elle livre surtout un témoignage poignant sur la relation compliquée qu’elle entretenait avec cette dernière. La distance qui séparait l’auteure de sa mère ne se mesurait en effet pas uniquement en kilomètres, résultant en un vide affectif rempli de non-dits. Confiant ses peines et ses regrets, l’auteur livre du coup un roman qui fait également office d’un « Je t’aime » lancé quand il était déjà trop tard…

« Je retourne chez moi avec, une fois de plus, le sentiment d’avoir raté un entretien d’embauche, de ne pas t’avoir dit ce que j’aurais dû te dire, de n’avoir pas posé les questions qu’il fallait. Je ressens l’urgence à t’aimer. Mais plus le temps défile et plus il s’amenuise, moins je me risque à te parler. »

Dernière visite à ma mère, Marie-Sabine Roger, L’Iconoclaste, 134 p., 18 €

Ils en parlent également: Syboulette, Balades en livres, Nath

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