Sans égards, sans pitié, sans scrupule,
ils ont élevé de hautes murailles autour de moi.
Et maintenant, je ne fais rien ici que me désespérer.
D’un tel destin la pensée m’obsède et me ronge ;
car j’avais beaucoup de choses à faire dehors.
Pendant qu’on bâtissait les murs, ah, que n’ai-je pris garde.
Mais jamais je n’ai entendu le bruit des maçons ni leur voix.
C’est à mon insu qu’ils m’ont enfermé hors du monde.
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Constantin Cavàfis (1863-1933) – En attendant les barbares et autres poèmes (Gallimard, 2003) – Traduit du grec par Dominique Grandmont.