Ce n’est pas la première étude à suggérer cet effet antidépresseur des champignons –autres que les champignons magiques et leur psilocybine– mais il s’agit ici d’une très large analyse de données de la National Health and Nutrition Examination Survey (NHANES), l’une des plus grandes cohortes américaines en nutrition. L’équipe de la Penn State a analysé ainsi les données alimentaires et les résultats de santé mentale de 24.000 adultes suivis pendant plus de 10 ans, pour identifier et préciser cette association entre une consommation élevée de champignons et un risque très réduit de dépression.
Les champignons ont déjà été gratifiés de nombreux bénéfices pour la santé, en particulier pour leur contribution dans la prévention des cancers et plus généralement pour leur profil nutritionnel unique mais méconnu, qui en fait un aliment indispensable dans un régime nutritif et équilibré. Le champignon est riche en plusieurs nutriments souvent manquants, dont en potassium, fibres, cuivre, phosphore, potassium, sélénium, zinc et autres vitamines (dont vitamine D) tout en restant « neutre » en termes de calories et d’apport en glucides, lipides et sodium.
En cause ici, l’ergothionéine, un antioxydant qui protège contre les dommages cellulaires.
L’étude confirme également, en décryptant le rôle antidépresseur de l’ergothionéine, la responsabilité de l’accumulation progressive de dommages cellulaires dans la neurodégénérescence et le déclin cognitif, et la voie prometteuse des antioxydants pour lutter contre les démences. Ainsi, de précédentes études ont montré que les antioxydants aident à prévenir plusieurs maladies mentales, telles que la schizophrénie, le trouble bipolaire, la dépression, mais également la maladie d’Alzheimer.
« Les champignons sont la source alimentaire la plus élevée d’acide aminé ergothionéine,
un antioxydant anti-inflammatoire qui ne peut pas être synthétisé par l’Homme », explique l’auteur principal, Djibril Ba, chercheur en épidémiologie à la Penn State. « Des apports de champignons élevés ou réguliers permettent de réduire le risque de stress oxydatif, ce qui pourrait également expliquer cette réduction des symptômes de dépression ».
Mais quels champignons ? Les champignons de Paris, une des variétés les plus consommées dans le monde, contiennent « beaucoup » de potassium, un nutriment censé réduire l’anxiété. D’autres espèces de champignons comestibles, dont Hericium erinaceus, stimulent la synthèse du facteur de croissance nerveuse (NGF : Nerve growth factor), ce qui pourrait aussi avoir un impact en matière de prévention des troubles neuropsychiatriques. Ici, l’analyse constate :
- une association significative entre la consommation de champignons et un risque réduit de dépression après prise en compte des facteurs de confusion possibles (dont les facteurs sociodémographiques, les autres facteurs de risque de dépression, les antécédents de maladies, certains traitements, et d’autres facteurs alimentaires) ;
- mais au-delà d’un certain seuil, variable selon le type de champignon, une consommation plus élevée n’apporte pas d’avantage supplémentaire.
Il reste à préciser donc « la dose » optimale et les effets pour les différents types de champignons. Mais d’ores et déjà l’analyse souligne l’efficacité de cet acide aminé naturel contre la dépression.
Source : Journal of Affective Disorders DOI : 10.1016/j.jad.2021.07.080 Mushroom intake and depression: A population-based study using data from the US National Health and Nutrition Examination Survey (NHANES), 2005–2016
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