Gary McKinnon, un britannique de 42 ans, administrateur système de profession, devrait être prochainement extradé vers les États-Unis. La justice américaine accuse ce hacker de génie surnommé “Solo” d’être l’auteur du plus grand piratage informatique militaire de tous les temps. Peu importe l’absence de volonté malveillante de ses incursions uniquement motivées par la recherche d’informations secrètes sur les extraterrestres, il encourt soixante-dix ans de prison et des amendes allant jusqu’à 2 millions de dollars.
La réalité dépasse parfois la fiction. Passionné d’ufologie Gary McKinnon est persuadé que la Vérité est ailleurs. Que les autorités américaines cachent des informations sur les extraterrestres et notamment sur l’existence de vaisseaux spatiaux. La seule façon pour s’en assurer, c’est à ses yeux, d’aller voir au fond des ordinateurs des autorités américaines. Entre février 2001 et mars 2002, il multiplie les visites dans les réseaux informatiques de la NASA, de l’US Army, de l’US Navy, de l’US Air Force mais aussi du Ministère de la Défense, et du Pentagone.
Une audace et une réussite qui en font vite l’ennemi public numéro 1 outre-atlantique.
Son obsession dépasse l’originalité pour friser la folie douce. Il est persuadé que les militaires américains ont récupéré un système de propulsion par antigravité, qu’ils gardent secret parce que comme il l’a déclaré à la BBC, “Je crois qu’il y a, ou qu’il y a eu dans le passé, des vaisseaux spatiaux qui circulent sur Terre sans que le public soit au courant.”
A charge contre Solo, les dégâts qu’il occasionne lors de ses passages. Notamment l’effacement de fichiers “y compris des fichiers de systèmes opérationnels critiques dans neuf ordinateurs, un effacement qui a arrêté la totalité des plus de 2.000 ordinateurs de la zone militaire de Washington pendant 24 heures” comme le relèvera la justice britannique. Pour les autorités américaines, McKinnon aurait mis la main sur pas moins de 950 mots de passe. Elles évaluent les dépenses nécessaires pour le retrouver et corriger les problèmes dont on le juge responsable à environ 900 000 dollars.
Personnage de roman, ou de série B, McKinnon a grandit à côté d’un beau- père, amateur d’ovnis qui lui transmet sa passion. À 15 ans, il s’inscrit à l’Association britannique de recherches sur les ovnis (BUFORA). Deux ans plus tard, il découvre le film War Games dont le scénario tourne autour du piratage d’un ordinateur de l’armée américaine. C’est la révélation. Il veut en faire autant, il sera enquêteur-hacker. Il démarre ses activités en 1995 et, autodidacte, réussit assez vite.
McKinnon, affirme avoir trouvé des éléments attestant de l’existence de vies extra-terrestres mais surtout de dossiers (les fameux x files) qui témoigneraient de l’existence d’une technologie propre aux ovnis, car selon le hacker “nous avons capturé certains de leurs appareils à partir desquels nous avons fait du génie inverse. ”
Après les événements du 11 septembre 2001, Gary McKinnon délaisse un peu les petits hommes verts pour s’intéresser à la thèse du complot et trouver par lui même des réponses aux nombreuses questions qui circulent. Devenant brouillon et un peu mégalomane selon ses propres dires, il commet un certain nombre d’erreurs : il efface par mégarde des fichiers, se met à écrire aux personnes qu’il pirate. Puis, c’est la faute fatale. Il utilise sa propre adresse email pour télécharger un programme administratif d’accès à distance.
Depuis 2002, Gary McKinnon est maintenu en liberté surveillée par la justice britannique, avec l’interdiction d’approcher un ordinateur relié à Internet. Les Etats-Unis ont immédiatement demandé son extradition mais, la procédure se révèle particulièrement longue car le Royaume-Uni veut l’assurance que McKinnon ne sera pas jugé devant un tribunal militaire ni incarcéré à Guantanamo.
De son côté le hacker déchu multiplie les recours pour éviter coûte que coûte l’extradition. Son appel devant la chambre des Lords, la plus haute juridiction britannique venant d’être rejeté, sa seule chance d’échapper à la justice américaine réside désormais dans l’appel que ses avocats viennent de formuler auprès de la Cour européenne des droits de l’homme.