" Chacun porte en soi un terrible double inconnu et infernal. S'il cherche à le percevoir, il y réussira rarement [...]. C'est un gouffre plus profond que le cratère le plus profond de la terre, ou bien l'air le plus raréfié qui soit, au-delà de la lune. Il est effrayant et fondamentalement "différent" de l'homme tel qu'il se connaît, de sorte qu'il passe son temps à vivre aux antipodes de lui-même.
Je m'intéresse à la partie de l'esprit que la psychologie ne peut ni dénicher ni diminuer et encore moins bannir : à savoir, l'âme. Je m'intéresse aux insatisfactions de cette partie de nous-mêmes, à jamais frustrée, qui voudrait être autre, pas forcément mieux, simplement autre, pas forcément plus riche, plus à l'aise, ou même heureuse, simplement autre.
Le réalisme en littérature me lasse et me déprime [...]. Je veux un univers tout autre. Les peintres font ça très bien. Pourquoi pas les écrivains ?
Ce soir je suis amoureuse, pour la seizième, la dix-septième ou la dix-huitième fois de ma vie [...]. J'ai promis que ça durerait jusqu'à dimanche matin (on est vendredi) "...
Patricia Highsmith : réflexions tirées des " Les écrits intimes, 1941-1995, Journaux et carnets" Calmann-Lévy, 2021. Lu dans la critique de ce livre, magazine Télérama n°3747, du 3/11/2021.