A l'image des précédentes COP et à l’absence de trois pays importants (Chine, Russie et Brésil), la COP26 ne pourra échapper à un bricolage constitué de la somme des égoïsmes nationaux, aussi bien en matière de financements que d’objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre…
Le Programme des Nations unies pour l’environnement a publié son rapport sur les émissions de gaz à effet de serre, et le constat est sans appel : “Les engagements climatiques affichés sont bien en deçà de ce qui est nécessaire pour atteindre l’objectif de l’accord de Paris sur le climat”.
Les engagements climatiques actuels placent la planète sur une trajectoire de + 2,7 °C en 2100, par rapport à la température moyenne avant l’ère industrielle (1850). Les événements climatiques extrêmes seraient alors si nombreux que la vie sur Terre deviendrait difficile.
En 2019, un scénario plus pessimiste est sorti des travaux des scientifiques du CNRS, du Commissariat à l’énergie atomique (CEA) et de Météo-France. Ils estiment que le réchauffement climatique global pourrait atteindre 6,5 à 7 °C en 2100, synonyme d’enfer pour l’ensemble du vivant.
Les inconsistances de la COP 21 demeurent
C’est la COP21 qui a vu naître l’accord de Paris, en 2015 visant à limiter la hausse des températures à 1,5 °C d’ici 2100.
Problème numéro 1 : l’accord de Paris a laissé une bien trop grande marge d’interprétation aux États. Chaque État est libre de fixer son propre objectif de réduction d’émissions de gaz à effet de serre… et de le respecter, ou non. Ces objectifs, ce sont les CDN, pour “Contributions déterminées au niveau national”.
Problème numéro 2 : alors que les États doivent communiquer leur CDN tous les cinq ans depuis 2015, la COP26 initialement prévue en 2020 n’a pu se tenir, la crise sanitaire du Covid-19 battant son plein.
Cette COP26 est donc un moment majeur : c’est la date limite des États pour présenter leurs nouveaux plans de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Or pour l’instant, le compte n’y est pas. Seulement 60% des États l’ont fait à ce jour, et ces nouveaux engagements mèneraient au mieux à une baisse de 7,5% des émissions d’ici 2030, au lieu des 55% nécessaires.
Les gouvernements prévoient de produire en 2030 une quantité de pétrole, gaz et charbon plus de deux fois supérieure à celle compatible avec une limitation du réchauffement climatique à 1,5 °C. Ils explosent littéralement l’accord de Paris. Il ne doit plus y avoir de nouveaux projets d’exploitation de combustibles fossiles, ni aucun financement public en faveur de ces énergies.
Les pays riches doivent aider les pays les plus pauvres à compenser les effets dévastateurs du changement climatique qu’ils subissent de plein fouet, mais aussi à développer des systèmes énergétiques propres pour s’éloigner des combustibles fossiles.
Mais comment un système basé sur l’achat de droits à polluer pourrait-il venir au chevet d’un climat malade d’une saturation de marchés, de produits et de flux ? Notre planète est exsangue et la science nous somme de ralentir cette course à la production et à la consommation, émettrice de gaz à effet de serre qu’un climat propice à la vie sur Terre ne peut plus supporter.
Ainsi, les engagements “net zero” (entendre “zéro émission nette”), que contractent certaines entreprises grâce au mécanisme de compensation, sont du pur greenwashing si les Etats et les entreprises ne prévoient pas de réduire véritablement leurs émissions à court terme. Le seul zéro qui vaille est celui des émissions à la source vers lequel nous devons tendre au cours des prochaines décennies pour nous donner une chance de contenir le dérèglement climatique. C’est pourquoi la COP26 devrait rejeter le principe du marché carbone et garantir un solide système de responsabilisation et de contrôle du respect des engagements.
Aujourd’hui, il devient urgent que les règles et principes d’organisation de l’économie mondiale et du commerce international soient soumises à l’objectif climatique. Les gouvernements doivent s’attaquer aux causes réelles des dérèglements climatiques : soutenir les énergies renouvelables, accompagner les changements de modèle agricole et de consommation pour des comportements plus vertueux et respectueux de la planète, protéger les forêts qui sont de véritables puits de carbone, etc.
La France doit notamment jouer un rôle moteur dans la diplomatie climatique. Emmanuel Macron a bien déclaré à la COP26 : « Il faut construire de nouvelles opportunités contre le réchauffement climatique. » mais le 3 février 2021, le tribunal administratif de Paris reconnaissait l’État français coupable d’inaction climatique et sommé de réparer les dommages causés à l’environnement par son inaction climatique, avant le 31 décembre 2022 !
L'impuissance de nos gouvernants continuera tant que l’avidité des multinationales pour les énergies fossiles et l’obsession de la croissance seront considérées comme des données intouchables. Plus que jamais donc, il convient de multiplier les initiatives et les alternatives venant du terrain pour sauver le climat et développer des modes de vie socialement justes et écologiquement acceptables…
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