Cette célébration comporte quelques moments forts.
Vendredi 5 novembre à 19h30, au Müpa de Budapest, a eu lieu un concert de gala, au programme Fantaisie hongroise de Liszt, une création mondiale Cziffra Psodia de Péter Eötvös et Symphonie en ré mineur de César Franck. Avec le pianiste János Balázs. le cymbaliste Miklós Lukács et l’Orchestre philharmonique de Radio France sous la direction du Finlandais Mikko Franck, son actuel directeur musical depuis 2015.
Le concerto pour piano et cymbalum obligato de Péter Eötvös, intitulé Cziffra Psodia, dont le titre évoque naturellement la rhapsodie, est la première mondiale d’une commande de Radio France et du Müpa. Le compositeur a été lié par sa mère et ses propres souvenirs d'enfance à Cziffra et il a voulu restituer la vie mouvementée du pianiste hongrois. "La vie entière de Cziffra a été marquée par le succès et la tragédie. Elle était rhapsodique et dramatique. C'est précisément l'atmosphère que j'ai essayé de créer dans mon concerto pour piano". L'UNESCO de son côté a ajouté cet anniversaire à sa liste de célébrités lors de sa 40e Assemblée générale.
Le concert de Budapest sera repris le dimanche 7 novembre à 16h à l’Auditorium de la Maison de la Radio à Paris avec les mêmes interprètes.
Par ailleurs, l’association Lisztomanias International en collaboration avec l’Association des Amis de l’Institut Hongrois (AAIH) organisait le jeudi 4 novembre à 19h une table ronde-débat "György Cziffra, une virtuosité lisztienne ?", animée par Christian Lorandin, pianiste et critique musical avec des pianistes et personnalités du monde musical. A noter que les instituts culturels hongrois présents dans 24 pays et 26 villes ont changé de nom. Depuis le 1er septembre dernier. Ils s’appellent maintenant Instituts Liszt.
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Comme l'a fait remarquer son compatriote Péter Eötvös, la vie de György Cziffra n'a pas été de tout repos. Même s'il a été admis à neuf ans en 1930 à l’Académie Liszt de Budapest. Il y est l’élève d'Ernö Dohnányi et du pianiste István Thomán, ancien disciple de Franz Liszt. lI est envoyé au front pendant la guerre et connaît l’instauration du régime communiste, il reprend cependant ses études. Voulant fuir la Hongrie, il est repris et condamné aux travaux forcés, il parviendra cependant à quitter la Hongrie en octobre 1956 à la faveur de l'insurrection du 23 octobre 1956.
Son premier concert en France avait lieu au Châtelet le dimanche 2 décembre suivant à 17h45, avec l’orchestre Colonne était dirigé par Georges Tzipine. Le lendemain, on pouvait lire dans Tele magazine "Le soir du 2 décembre 1956, au théâtre du Châtelet, un pianiste inconnu des Français dut bisser trois fois (sic) le Concerto en mi bémol de Liszt. L'enthousiasme du public était à son comble. Ainsi, accompagné par l'orchestre des Concerts Colonne dirigé par Georges Tzipine, Gyorgy Cziffra, conquit Paris". Le critique musical du Figaro, Clarendon, pseudonyme de Bernard Gavoty, écrivait le lendemain "Je voudrais être le premier journaliste français à tracer le nom de György Cziffra. Vous éprouverez peut-être quelque difficulté à prononcer aujourd’hui ce nom. L’habitude vous y aidera, car il sera célèbre demain. Depuis Horowitz, celui d’avant 1940, je ne me souviens pas d’avoir entendu un pianiste aussi prodigieux, un jeu aussi dénué d’artifices". Quant au New York Herald Tribune, il évoquait l’un des plus grands pianistes hongrois qui a fait des débuts sensationnels à Paris. Tel autre journal assurait "Pianiste du siècle, réincarnation de Liszt, virtuose au bracelet de cuir". On en avait oublié que le même jour, le yacht Granma tenant du Mexique s’échouait sur le rivage cubain et 82 jeunes barbus se répandaient dans la sierra Maestra et entreprenaient la reconquête politique de l’île!
A propos de ses débuts en France, Cziffra confiait à son ami le pianiste et compositeur allemand Mutz Böhm "Lorsque je suis venu en France, j’étais complètement inconnu. Je suis arrivé à Paris avec ma chemise sur le dos, sans un sou, sans protection, sans aucune aide de personne, rien qu’avec mes possibilités artistiques, mon intégrité, mes deux mains, ma force et mon cerveau". Les administrateurs de l’Orchestre Colonne l’avaient hébergé ainsi que sa femme et son fils dans un appartement attenant à leurs locaux de la rue de Tocqueville dans le XVIIe arrondissement de Paris. On lui aurait même fourni l’habit qu’il portait lors du concert du 2 décembre. "Au Théâtre du Châtelet, j’eus la chance d’avoir une salle entièrement remplie. Pourquoi ? Je n’en sais rien. C’était un miracle de Dieu ! Je suis arrivé timidement sur la scène. J’étais anxieux. Mais j’ai convaincu grâce à mon courage et grâce à mon énergie".
Cziffra refusait d’être cantonné au répertoire romantique, et s’en ouvrait à son ami Mutz Böhm "Je ne supporte pas la spécialisation, ni surtout cette image de lisztien que l’on m’a faite. A condition que mes moyens me le permettent, je voudrais donner une interprétation favorable de tous les génies".
György devenu Georges Cziffra a obtenu la nationalité française en 1968. En 1977, il écrit son autobiographie traduite par son fils, Des canons et des fleurs. Ce fils qui deviendra pianiste et chef d’orchestre, qui mourra accidentellement à 40 ans en 1981 endeuillant les dernières années de la vie de son père. Georges Cziffra meurt le 15 janvier 1994 à Longpont-sur-Orge dans l’Essonne.
En 1973, il avait acheté avec son épouse Soleilka la chapelle royale Saint-Frambourg, à Senlis dans l’Oise et la fait restaurer. Un peu plus tard, ce sera le siège de la fondation Cziffra destinée à soutenir les jeunes talents, elle sera reconnue d'utilité publique le 25 août 2015.
Rédaction internationale En savoir plus sur cet auteur
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