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Les mal aimées, Caroline Brehat

Par Antigone

Les mal aimées, Caroline Brehat

Je suis très intéressée par la psychogénéalogie, voilà pourquoi j’ai accepté de recevoir ce livre, dont le sujet me semblait tout à fait captivant. Le sous-titre en précise un peu l’objet, « l’inceste, un piège transgénérationnel »… Le roman de Caroline Brehat, tiré d’un fait réel, nous conte effectivement l’histoire d’une femme, piégée par un ancien compagnon, à la fois incestueux et manipulateur, et son combat pour protéger sa fille. Son récit est encadré par des spécialistes de la question. En préface, s’exprime en effet Edouard Durand, magistrat, co-président de la commission gouvernementale sur l’inceste et les violences sexuelles. Puis, en postface, Jean-Marc Ben Kemoun, psychiatre, pédopsychiatre, médecin légiste, et expert auprès de la cour de Versailles. Lorsque le lecteur fait la connaissance du personnage principal, Bettina, celle-ci profite d’un voyage exceptionnel en Italie avec son récent compagnon, Ethan. Son arrestation est un choc. Mais il se trouve qu’elle est toujours poursuivie aux Etats-Unis pour non présentation d’enfant et enlèvement. Son séjour en prison est excessivement douloureux, tout en lui permettant étrangement de refaire le point sur sa situation. Bien qu’ayant gagné en France le droit de protéger son enfant contre un père incestueux, elle doit se rendre à l’évidence qu’Hunter, aux Etats-Unis, a retourné la situation à son avantage, usant de son charme et de son pouvoir de conviction. J’ai été très impressionnée par ce biais, qui est courant là-bas, de condamner des mères telles que Bettina, pour « aliénation parentale », ce qui permet de retourner les faits à l’avantage du père, même si celui-ci est un danger pour l’enfant. Caroline Brehat s’attache aussi à démontrer combien ce qu’il s’est passé dans les générations précédentes a un impact sur le présent, les choix que l’on fait en matière de couple par exemple. Si le grand-père de Bettina n’avait pas été un père incestueux, en serait-elle là ?… Le propos de ce livre est évidemment d’une importance capitale, un pas vers plus de considération de la parole des enfants et des mères dans de pareils cas. J’ai malheureusement été moins convaincue que je l’aurais voulu par la forme du récit choisie par Caroline Brehat, qui oscille entre roman et fait réel. Je m’attendais je crois à quelque chose relevant plus de l’essai, s’intéressant de plus près à la psychogénéalogie. Pour autant, ce livre se lit avec avidité, tant le lecteur a à coeur que Bettina se sorte de son enfer carcéral. Les histoires de ses co-détenues sont également édifiantes. Et je suis convaincue, comme la quatrième de couverture le précise, qu’une malédiction transgénérationnelle, si elle n’est pas traitée, risque de se reproduire dans les générations suivantes, et que les non-dits familiaux sont le nœud de beaucoup de souffrances.

Editions Art 3 – 4 juin 2021

J’ai aimé ce livre, un peu, beaucoup…

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Une autre lecture chez… Cultur’elle


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