Après guerre, on était persuadé que le chômage était la cause le nazisme. Et, donc ?, il y avait plein emploi.
Puis une autre doctrine s'est imposée : la concurrence est synonyme de performance. Ne gardons que les meilleurs. Le chômage a grimpé. Pas de réaction. Mais pas de performance non plus. Et, paradoxalement, ce sont les révoltés de 68, les jeunes, qui ont fait le plus les frais du changement.
Et si l'on essayait à nouveau le plein emploi ? Il y a une raison toute bête à cela. Si tout le monde travaille, les entreprises sont à plein régime, et elles paient des impôts. De surcroît on ne rémunère plus de chômage. L'Etat n'a plus de dettes.
Mais comment l'entreprise trouvera-t-elle de nouvelles ressources ? Après guerre, il y avait certes de l'emploi, mais c'était un emploi taylorien, de machine. Et il y avait une forte immigration.
Cela signifie que l'entreprise doit se transformer. La main d'oeuvre devient un paramètre stratégique. Le recrutement se fait au compte-goutte, probablement, comme en Allemagne, par la formation en entreprise de stagiaires. Pour le reste c'est le gain de productivité et l'accroissement de la qualification du personnel qui permet la croissance. Le personnel devient, comme en Allemagne, associé à l'entreprise. Fin de la lutte des classes. Et il l'est d'autant plus qu'un tel modèle d'entreprise est très compliqué à faire évoluer pour une tête seule. Le dirigeant devra mobiliser au mieux "l'intelligence collective" pour cela. (Au niveau de la nation, c'est le modèle dit de la "flexisécurité".)
Et si la condition nécessaire et suffisante du plein emploi était d'être intelligent ?