En ce lundi de célébration de la Toussaint, on aura un plaisir… mitigé à découvrir un énième avatar de ce que le journalisme à la française produit actuellement : alors que Pfizer et Moderna font actuellement des pieds et des mains pour obtenir une autorisation de mise sur le marché de leurs produits pour les enfants de moins de 12 ans, une équipe de « décodeurs » de la rédaction sur-subventionnée du Monde s’est demandé s’il était nécessaire d’en arriver là.
Et il est vrai que la question mérite d’être posée, de façon insistante même, tant les données actuelles laissent perplexe sur l’utilité de la démarche d’un traitement d’ampleur pour les jeunes.
D’une part, il y a l’observation clairement admise de tous que le coronavirus ne rend pas malade la population en question : les enfants, s’ils peuvent éventuellement se retrouver porteurs du virus, ne développent pas (ou très très peu) de symptômes. Sur l’ensemble du pays, on ne recense que seize enfants (de moins de 18 ans) décédés depuis le début de la pandémie et quinze avaient des comorbidités qui indiquent assez clairement que le virus fut un facteur ajouté aux raisons de leur décès. Par comparaison, la grippe (influenza) fait chaque année plus de morts chez les enfants (8 enfants sur 1 million succombent à la grippe, soit en France 84 décès par an associés à la grippe chez les enfants de moins de 14 ans).
D’autre part, il est aussi admis de façon maintenant non polémique que les produits proposés par Pfizer, Moderna et les autres ne garantissent en rien la non-infection des patients : non seulement, il reste possible d’attraper la maladie et de développer des symptômes, mais il apparaît que la charge virale des vaccinés n’est pas significativement différente des non-vaccinés (on pourra se reporter aux déclarations gênées du Dr. Fauci à ce sujet). The Lancet, dans une étude récente, aboutit d’ailleurs à la conclusion que les personnes entièrement vaccinées et infectées ont finalement une charge virale similaire à celle des personnes non vaccinées.
Dans ce cas-là, on saisit mal l’importance de vouloir absolument s’occuper des enfants, notamment si l’on se rappelle que ces derniers, en pleine croissance, n’ont pas les mêmes comportements biologiques que les adultes et que leurs réactions immunitaires sont aussi plus vives que celles des adultes (et à plus forte raisons, que les adultes âgés, cibles initiales de ces traitements expérimentaux).
Avec ces constats, l’article du Monde s’interroge sur la pertinence de l’extension des traitements Pfizer et Moderna aux enfants : pour les décodeurs, peut-être pourrait-on par ce truchement atteindre (enfin ?) une immunité collective, quand bien même la communauté scientifique explique assez simplement pourquoi elle est devenu largement chimérique…
Et sinon, l’article évoque rapidement la notion de bénéfice individuel avant d’admettre que, bon, hem, ce n’est en réalité pas statistiquement significatif au vu du nombre de cas déjà fort peu élevé de maladies évitées…
Au final, avec des « risques pour cette classe d’âge quasi nuls » (comme le résume Christèle Gras-Le Guen dans l’article) et une immunité collective impossible à atteindre, il ne reste aucun argument vraiment solide pour justifier de s’occuper ainsi des enfants : au contraire d’autres maladies (polio, diphtérie, etc.) pour lesquels ils sont tous déjà largement vaccinés et qui touchaient et tuaient jadis de vastes proportions de ces enfants, le traitement des enfants pour la Covid semble aussi inutile que coûteux.
En définitive, ce morceau de bravoure journalistique parvient malgré tout à conclure que le bénéfice du traitement n’est pas établi et aurait pu s’arrêter sur cette conclusion.
Et là, c’est le drame : alors que la dernière ligne droite vers un point final était quasiment assurée déboule à ce moment une citation de Catherine Hill, épidémiologiste et biostatisticienne à l’Institut Gustave-Roussy. Pour elle, le bénéfice d’une vaccination serait malgré tout collectif et porterait sur la circulation du virus. Quant aux éventuels effets secondaires, bah, il faudrait s’en accommoder :
Oui, vous avez bien lu : afin de très hypothétiquement réduire la circulation d’un virus qui ne cause à peu près aucun risque de forme grave chez les enfants, et qui ne doit plus en causer chez les adultes vaccinés (c’est l’idée du vaccin, je vous le rappelle), on devrait donc pousser à inoculer les jeunes quitte à déclencher des pathologies graves du coeur chez certains d’entre eux…
Lorsqu’on factorise le fait que ces péricardites et ces myocardites, aussi rares soient-elles, nécessitent des traitements et un suivi à vie (soit plus de 70 ans à vivre pour ces enfants compte tenu de l’espérance de vie actuelle en France), on se demande exactement où est le bénéfice, même collectif, de cet exercice de pensée macabre. Collectivement, il est difficile d’imaginer que le coût de traitement de ces « quelques » enfants, que l’impact psychologique sur eux et leurs parents de cette malencontreuse occurrence et que les séquelles seront vus comme acceptables.
Du reste, il suffit que quelques enfants décèdent de ce genre d’opérations mal calibrées pour que s’effondre immédiatement ce fameux bénéfice collectif dont on oublie qu’il n’a jamais été nécessaire pour faire valoir l’intérêt des autres vaccins : jusqu’en 2020, on ne se vaccinait que pour se protéger soi-même, le calcul étant logiquement toujours fait de façon personnelle.
De surcroît, la désinvolture avec laquelle le collectif est placé avant l’individu (quand bien même absolument rien de certain n’est établi) et une dose assez incroyable de cynisme atteignent leur apogée lorsque la frétillante scientifique ponctue sa remarque par « à condition que la population comprenne l’enjeu et accepte cette vaccination » : eh oui, finalement, moyennant une bonne compréhension de la part des bestiaux pas toujours trop fins, quelques uns de leurs enfants décédés d’une crise cardiaque ou malades du cœur à vie, ça le fait, c’est pour le collectif, la bonne cause, une circulation moins forte, et tout le tralala.Une question vient à l’esprit : Catherine Hill a-t-elle des petits-enfants de moins de 12 ans ? Est-elle prête à courir le risque, claironné comme infime, pour eux ? Et si ça tourne mal, devra-t-elle se contenter d’un « merci de votre sacrifice » ?
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