Un prix littéraire qui a fait l’effet d’un bombe en Espagne

Publié le 31 octobre 2021 par Podcastjournal @Podcast_Journal
La cérémonie se déroulait le 15 octobre au Museu Nacional d'Art de Catalunya à Barcelone en présence du roi Felipe VI et de la reine Letizia. On annonça que Carmen Mola était récompensée pour "La Bestia", roman se déroulant à Madrid en 1834, lors de l’épidémie de choléra, un journaliste, un policier et une jeune fille essaient de percer le secret d’une série de meurtres perpétrés dans les classes populaires.

C’est le troisième volet d’une trilogie de polars “violents et spectaculaires” très populaire en Espagne depuis 2018 qui met en scène l’inspecteur de police Elena Blanco. Les deux premiers romans ont connu un énorme succès, des centaines de milliers d’exemplaires, et ont même été traduits en français par Anne Proenza chez Actes Sud sous le titre de "La fiancée gitane" en 2019 et "Le Réseau pourpre" en 2021. Et alors qu’on s’apprêtait enfin à voir le vrai visage de l’énigmatique Carmen Mola présentée comme Madrilène née en 1973 et dont son agent, parlait comme “d’une professeure, mère de trois enfants, qui enseignait l’algèbre le matin et écrivait des livres ultra-violents l’après-midi” , on vit monter sur la scène un trio d’hommes âgés de 40 à 50 ans, Jorge Díaz, Agustín Martínez et Antonio Mercero connus comme scénaristes de télévision et romanciers.
Jorge Díaz a déclaré "Derrière le nom de Carmen Mola, il n’y a pas, comme dans tous les mensonges que nous avons racontés, une enseignante de lycée, mais trois écrivains, trois scénaristes et trois amis (...), qui un jour, il y a quatre ans, ont eu l’idée folle de combiner leurs talents pour écrire une histoire ensemble".

Ils se défendent d’avoir choisi un pseudonyme féminin pour attirer davantage l’attention et Jorge Díaz précise “Ce n’était pas intentionnel, nous aurions pu l’appeler R2D2" et Antonio Mercero d'ajouter "Nous ne nous sommes pas cachés derrière une femme, juste derrière un nom". Ce qui ne convainc guère la féministe militante pour les droits LGBT, Beatriz Gimeno qui assène "Au-delà de l’utilisation d’un pseudonyme féminin, ces gars-là répondent à des interviews depuis des années. Ce n’est pas seulement un nom, c’est un faux profil qui a conquis les lecteurs et journalistes. Escrocs".

Celle qu’on a appelée "Elena Ferrante espagnole" à cause du mystère qui l’entourait n’est pas un cas isolé, ce genre de supercheries émaille la littérature. Rien que pour la France et ces dernières décennies, on citera le cas célèbre de Romain Gary et Emile Ajar ou un peu plus tôt Dominique Aury devenue Pauline Réage pour écrire la sulfureuse Histoire d’O…

Le prix Planeta en était cette année à sa 70e édition, il a en effet été créé en 1952 par José Manuel Lara Hernández, fondateur d’Editorial Planeta et du Grupo Planeta. C’est pourquoi il a parfois été appelé prix Lara. Il récompense un auteur de langue espagnole pour une oeuvre inédite. Cette année, 654 ouvrages étaient en lice, venues principalement d’Espagne, 389, et de certains pays d’Amérique latine comme l’Argentine, 41, et le Mexique, 39. Le jury du Prix Planeta est composé d’académiciens, professeurs, journalistes, critiques et importantes personnalités du monde des lettres. Parmi les lauréats on remarque les prix Nobel de littérature Camilo José Cela et Mario Vargas Llosa ainsi que Jorge Semprún Maura, pour ne citer qu’eux. C’est le prix le plus important de la littérature hispanique ainsi que le mieux doté du monde avec son million d’euros. Depuis 1974, le finaliste reçoit 200.000€, cette année c’est Paloma Sánchez-Garnica qui a été distinguée pour "Últimos días en Berlín". Rédaction internationale En savoir plus sur cet auteur Dernier week-end des vacances. C’est la rentrée et nous nous l’affrontons tous en traînant nos galoches, ne sachant pas trop de quoi elle sera faite. Il y a un an, nous avions encore l’espoir que les problèmes et autres difficultés liés au Covid-19... LES BRÈVES