La construction d'ordinateurs opérationnels, prêts pour un déploiement industriel, n'est pas le seul défi que doit relever l'informatique quantique pour s'imposer. La conception des algorithmes, qui fait appel à une approche radicalement nouvelle, doit aussi s'adapter. Afin de faciliter la transition, Multiverse imagine une approche « low-code ».
Le fonctionnement de ces machines, reposant sur une logique d'états non binaires superposés remet fondamentalement en cause les principes de programmation en vigueur depuis Ada Lovelace. Conséquence directe, les compétences requises sont aujourd'hui quasiment inexistantes et, au vu à la fois de la complexité de la discipline et de l'impératif de réinventer, à partir de rien, un cursus d'apprentissage, ce qui prendra longtemps, la pénurie de talents risque de devenir un obstacle majeur à l'épanouissement de la technologie, même s'il faut 10 ans avant d'obtenir un matériel au point.
Dans ce contexte, la proposition de valeur de Multiverse consiste donc non seulement à permettre aux institutions financières (le marché que la startup cible en priorité) de commencer au plus tôt à intégrer l'informatique quantique dans leur arsenal, sans attendre d'acquérir l'expertise nécessaire, mais également d'anticiper une carence durable de spécialistes capables d'en exploiter toutes les opportunités. Sur le premier volet, plusieurs grandes enseignes se sont laissé convaincre, dont BBVA et Crédit Agricole.
Concrètement, la solution met à la disposition des entreprises un ensemble de librairies optimisées prédéfinies, exécutables sur différentes infrastructures (celles d'IBM, de D-Wave, de Pasqal et bien d'autres), couvrant les grands domaines d'application où sont espérés les bénéfices les plus importants, la détection de fraude et la valorisation de portefeuille figurant en tête du palmarès. Afin de tenir la promesse de démocratisation, l'accès aux fonctions est simplifié au maximum, prenant la forme d'une feuille de calcul.
Naturellement, l'approche externalisée de Multiverse présentera rapidement l'inconvénient d'égaliser la concurrence. Elle devrait pourtant se pérenniser et devenir progressivement la réponse idéale au manque de professionnels pour tous les besoins élémentaires, sur lesquels l'industrie n'aura d'autre choix que d'adopter l'informatique quantique pour se maintenir au niveau de l'état de l'art. Cependant, elle n'empêchera pas, en parallèle, l'émergence chez les acteurs les plus en pointe de petites cellules dédiées qui pourront focaliser leur entière attention sur de vrais facteurs de différenciation compétitive.