La Perle est réparée. Florence Parly, la Ministre des Armée l’a annoncé officiellement le 25 octobre sur Twitter : « Aujourd’hui, la Perle est réparée. Soyons fiers de cette première étape essentielle. Le sous-marin nucléaire d’attaque (SNA) Perle sera opérationnel en 2023 ». Mais auparavant les spécialistes des questions de défense avaient eu droit à un sérieux briefing du Porte-parole de la Défense Hervé Grandjean.
C’est un évènement pour la Défense de la France et tout naturellement pour l’accompagnement de la composante marine de sa force de Dissuasion Nucléaire. En effet, après l’incendie du 12 juin 2020 qui a ravagé le bateau, alors qu’il était en grand entretien (« IPER ») dans le port de Toulon, l’avant, qui avait subi des températures extrêmes, n’était pas réparable. Cela signifiait ne disposer que de 5 sous-marins d’attaque (SNA) sur 6, de la classe Rubis, jusqu’en 2030, où enfin un « Type Barracuda » de la classe « Suffren » aurait complété l’escadrille. Or, le deuxième de la famille des SNA Rubis, le Saphir, venait d’être désarmé, pour faire place au Suffren, premier bateau noir du type Barracuda qui achève ses essais à la mer.
Ainsi nos ingénieurs (soutien de la Flotte, DGA et Naval Group) ont proposé à l’automne dernier de découper et reprendre l’avant du Rubis, et de le souder à la Perle, avec une légère rallonge pour les connexions. La Perle devant ensuite reprendre son « IPER » là où elle en était. En moins d’un an, la décision a été prise, la Perle a été transportée en décembre à Cherbourg par une barge spéciale, (comme son cœur nucléaire est déposé) puis coupée, soudée et réparée de son sinistre. Elle rejoint maintenant Toulon par la même barge spéciale, où elle se retrouvera au point d’entretien où elle en était (à quelques heures près) il y a un peu moins d’un an. Bel ouvrage, beau savoir faire de nos compagnons et techniciens, de nos soudeurs. Nos soudeurs qui, sur les alliages spéciaux d’aciers extrêmement résistants des sous-marins, possèdent des compétences rares dans le monde.
Il a fallu remplacer 130 kilomètres de câbles, 70 de tuyauteries, faire faire 100.000 heures d’études et de travail par des cols blancs et 250.000 par des cols bleus. Un audit sur les feu à bord, sujet historiquement déjà très sensible, permettra de réduire encore les risques de feu, d’améliorer la détection et la lutte par les pompiers spécialisés. Le cœur nucléaire sera replacé en 2022 avant les essais à la mer du bateau rénové et modernisé, et il sera apte au service début 2023 pour la Marine Nationale au sein de l’escadrille des sous-marins d’attaque basée à Toulon.
Sans
ce formidable chantier, qui aura couté 110 millions d’euros (le prix d’un
[caption id="attachment_5233" align="alignnone" width="300"] @Airbus[/caption]
https://www.airbusgroup.com/int/en.html" href="https://aeromorning.com/annuaire/airbus-group-2/" class="glossaryLink ">Airbus A320), la Marine aurait dû pendant dix ans renoncer à l’un de ses théâtres d’opérations, donc réduire son aptitude à réaliser les missions commandées par le gouvernement. C’est une première mondiale. Les USA victimes d’un tel sinistre (mais criminel) avec l’USS Miami en juin 2012 avaient renoncé à le réparer ! La Perle était déjà le plus moderne des 6 SNA français, elle ressortira, c’est sûr, munie de systèmes de combat qui pour l’heure sont encore réservés aux nouveaux Barracuda (antennes de flanc, sonars, torpilles ?). Malgré ces rénovations et ce mixage de coques, elle garde son nom, comme l’a souhaité la ministre et comme l’ont souhaité les marins de la sous-marinade ! Un peu plus longue, c’est vrai, mais de quelques dizaines de centimètres pas plus ! Son retrait de service était envisagé pour 2030, il n’est pas impossible que sa longévité soit allongée !
Michel Polacco