Lil Ugly Mane - pour petit homme moche ? - a déjà réalisé de nombreux albums et pourtant aucun n'était jusque là arrivé dans mes oreilles. Son nom - il s'agit en fait du dénommé Travis Miller - même m'était totalement inconnu. L'écoute de ce "Volcanic Bird Enemy and the Voiced Concern" fut pour moi donc une complète découverte. Tout d'abord, le style du bonhomme est assez indéfinissable et mélange allègrement les genres, le long d'un album rempli de 19 morceaux. On peut penser à Eels, le Beck des débuts, une musique très estampillée années 90, lorsque le rock aimait le bricolage à la maison avec tout plein de petits sons enregistrés à droite, à gauche et le carambolage parfois impromptu avec le rap. La pochette est particulièrement laide, étrange et drôle à la fois. On y voit ce qu'on suppose être le chanteur, ivre mort, affalé sur un comptoir, en compagnie d'un côté d'un gars déguisé en canard - synonyme de fête, la danse des canards et tout le tsoin-tsoin - et de l'autre une marionnette représentant un policier - synonyme d'ordre. Au milieu, sur le comptoir, pléthore de verres vides. Comme une métaphore de cette lutte permanente qui nous assaille entre le bien et le mal, le sérieux et la déconne. Cette difficulté à trouver sa juste place, qui peut provoquer parfois des tristes déboires personnels. La musique de Lil Ugly Mane est au croisement de tout ça, ce qui fait qu'on a parfois du mal à s'y retrouver. Mais c'est aussi son charme, ce grand tout, cette absence de tri, cette liberté et puis ce nouvel album contient son lot de très bons moments ("vpn" ou "porcelain slightly" par exemple). Bref, une belle découverte. Me voilà impatient de connaître la suite des aventures de ce petit homme à la musique vraiment pas dégueulasse.