Si j’aspire si fort au détachement, comme un naufragé agrippé à une bouée, c’est que je sens que le cœur est assoiffé. Le matériel ne lui offre que de courts répits. Vanité des vanités, tout est vanité ! Vanité de croire qu’un magasin, aussi vaste soit-il, puisse nous rassasier. Illusion de penser qu’il suffit de prendre l’avion et de méditer une heure par jour pour que les traumatismes et les émotions perturbatrices s’envolent.
Alors, qu’est-ce qui sauve ?
Rien, peut-être ! À part accueillir, désarmé, ce vide. Impossible de bricoler à la va-vite des solutions palliatives au manque. Je me surprends à vouloir acheter la guérison et je visite le Bouddha ou le Christ comme on se rendrait chez un concessionnaire : « Bonjour, vous n’auriez pas un truc pour moi ? »
Tout ne se donne pas… Tout se reçoit.
Alexandre Jollien, Vivre sans pourquoi
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