* Résultats de sociétés :
- Lafarge était très regardée en raison de son appartenance au secteur de la construction et du rachat il y a peu d'Orascom. Le bénéfice net baisse de 2,5 % mais, hors éléments
exceptionnels, il progresse de + 15 % au 1er semestre comparé à la même période de l'an dernier. Pris entre des retards de mise en production de certains sites et les craintes de ralentissement
du secteur, l'action chute de - 7,85 % ce soir. Saint Gobain suit à - 4,87 %. Schneider qui a fait pourtant part de résultats supérieurs aux attentes et augmente ses objectifs pour 2008
s'intercale entre les 2 titres précédents à - 6,41 %, les perspectives globales du marché européen de la construction étant mal orientées.
- BMW termine en baisse de - 5,36 % à Francfort avec un résultat net en baisse de - 25 % au premier semestre sur un an juste sous la barre du milliard €. Le résultat d'exploitation perd plus d'un
tiers de la valeur atteinte l'an passé en raison de l'élévation du coût des matières premières et du ralentissement des ventes aux USA. General Motors a par ailleurs annoncé des pertes absolument
gigantesques de 15,5 milliards $ pour 38 Mds $ de chiffres d'affaires... ce qui correspond à 27,33 $ de pertes par action pour un titre qui cote un peu plus de 10 $ ce soir.
Michelin et Renault sont ainsi alourdis par les perspectives du secteur qui a vu par ailleurs aujourd'hui le pétrole reprendre de l'altitude (Nissan voit également son résultat reculer
au 1er trimestre)
- le résultat net de Total progresse au contraire de + 20 % au 2nd trimestre.
* Confirmation des difficultés dans la zone euro :
Faisant suite au record d'inflation à 4,1 % en rythme annuel paru hier dans l'Euroland (données provisoires pour juillet), la journée aura vu la confirmation et même la légère dégradation des
éléments abordés jeudi de la semaine dernière dans L'économie de l'Euroland entre en zone de turbulences
:
- l'indice flash (estimatif) concernant l'activité du secteur manufacturier annoncée à 47,5 ressort à 47,4 après 49,2 en juin pour l'ensemble de la zone.
- pour la France, annoncé à 47,3, le chiffrage ressort à 47,1 après 49,2 en juin.
- en Allemagne, l'activité reste 'tout juste' en zone d'expansion au-delà de la barre des '50' à 50,9 (conforme à l'estimation) après 52,6 en juin.
- en complément, la faiblesse structurelle allemande en terme de consommation se renforce avec un recul des ventes au détail en juin de - 1,4 % et de - 3,9 % sur un an. Le chiffre de mai a par
ailleurs été révisé en baisse passant de + 1,3 % à + 0,5 %.
* Marché du travail américain :
Les créations d'emplois pour juillet sont ressorties aux USA à - 51 000 comme en juin (révisé de - 62 000 en première approche) à un niveau 'moins pire qu'anticipé' puisque le marché attendait 75
000 pertes de postes. Le taux de chômage attendu à 5,6 % après le bond de mai et juin à 5,5 % contre 5 % en avril est ressorti à + 5,7 %.
Alors que les mois précédents, nous étions entrés dans le détail de la statistique (avec d'importantes destructions d'emplois dans l'industrie et le secteur privé mais des créations
dans l'éducation et les services gouvernementaux, toujours d'actualité pour le mois dernier) regardons aujourd'hui avec beaucoup de recul cette donnée sur un horizon de très long terme
avec le graphique ci-dessous :
Cliquer pour agrandir
Le taux de chômage à la hausse constitue depuis 1945 sans conteste un des indicateurs les plus pertinents pour déterminer les
phases de récession de la première économie mondiale. Nous sommes donc toujours en chemin. Les éléments qui résistent comme nous l'avons vu hier sont constitués non seulement de la
consommation mais aussi de l'industrie, un peu oubliée des grands titres. Perdues dans le flot de mauvaises nouvelles immobilières et bancaires, vous pouvez retrouver ces données au
travers du suivi des commandes à l'industrie vues au
coeur du trimestre dernier ou tout dernièrement au travers des commandes de biens durables toujours assez bien
orientées.
Sur le graphe a été repris en rouge, l'indice de production industrielle depuis la 2nd guerre mondiale. Plus le taux de chômage se conjugue avec une baisse prononcée de la production, plus la
récession est dure ou longue. Actuellement, on voit clairement que nous n'en sommes qu'à un 'hoquet' pour l'industrie, le trend positif n'étant pas véritablement rompu.
L'industrie résiste non seulement grâce à la baisse du dollar qui aide les exportations comme décrit hier mais les gains de productivité sont toujours présents ce qui se fait au détriment de
l'emploi et grâce aux externalisations. Bref, si la consommation est surveillée à la loupe par les marchés comme vous le savez, il est important pour doser l'étendue des dégâts
potentiels de surveiller cet élément (en plus de l'immobilier commercial et industriel) dans les semaines à venir.
Cette donnée est d'autant plus en débat qu'en cours de séance, les opérateurs auront pris connaissance de l'indice du secteur manufacturier
(indice ISM des directeurs d'achat) pour juillet qui est ressorti 'pile' à 50, soit une évolution parfaitement stable, contre une très légère expansion à 50,2 en juin
mais supérieur aux attentes situées à 49,2.
Que retenir ?
Au rythme des publications des résultats des sociétés, le marché trie les valeurs sur la qualité de ceux-ci mais attache une importance grandissante aux perspectives. La
capacité des entreprises à évoluer sur des marchés porteurs n'est plus suffisantes car le défi est désormais aussi de pouvoir répercuter la hausse du coût des matières
premières sans voir ses marges et son potentiel d'affaires baisser. Difficile équilibre à trouver dans des zones économiques qui ralentissent toutes plus ou moins.
Cependant, dans un marché, le tableau n'est pas fait que d'évolutions notoires, parfois les choses qui restent stables sont plus susceptibles de donner l'atmosphère que tout autre point.
A cet égard, la croissance européenne résistante symbolisée par la solide hausse du PIB allemand de + 1,5 % au premier trimestre est entrain de connaître des déboires à un rythme supérieur aux
attentes. A l'inverse, les USA englués dans des problèmes financiers et immobiliers exacerbés trouvent quelques éléments plus positifs de manière intrinsèque sur le terrain économique.
L'équilibre des forces entre la zone euro et les USA s'opère ainsi à l'image de la parité euro / dollar coincée depuis presque 5 mois entre 1,53 et 1,60. La masse des informations distillées
ces 48 dernières heures est de la même veine quant aux réactions du marché des changes : la parité n'aura pas été franchement bousculée par ce constat en demi-teintes ces dernières
heures.
Ce diagnostic d'ensemble a un impact sur la politique en matière de taux car les USA retrouvent légèrement du potentiel à pouvoir subir une légère hausse des taux en théorie alors que
l'Euroland perd un peu de cette capacité en raison d'un ralentissement qui montre une dégradation un peu 'brusque'.
Dans une telle situation de neutralisation, les données à venir sont susceptibles de faire pencher la balance et rompre cet équilibre dans le 'combat' USA / Europe ou dollar /
euro. L'immobilier US n'affecte plus autant le dollar mais les difficultés européennes affaiblissent l'euro. La période charnière décrite sur les devises il y a quelques jours apparaît
après cette semaine plus distinctement au plan économique.
Ce week-end, nous aborderons ainsi la 3 ème partie de l'article sur les devises et l'or démarré le week-denier avec en complément une revue générale concernant la correction récente des
matières premières.
Les matières premières... une des clefs des bénéfices industriels de nombreuses sociétés, clef essentielle de l'inflation dont elles sont la cause première et donc clef majeure des
anticipations sur les taux qui déterminent pour partie l'attractivité des devises entre elles (Apprendre et comprendre la bourse, la finance et l'économie : taux d'intérêt et devises) au côté des
décisions des banques centrales concernant leur politique monétaire (Comprendre la finance : politique monétaire restrictive ou accommodante ?
) Enfin, elles déterminent bien sûr pour partie la capacité des ménages à consommer, point ultime de la surveillance économique globale et fondement
des perspectives positives ou négatives des dirigeants des grandes sociétés.
Le CAC 40 cède - 1,78 % à 4 314,34 points et le Dow Jones - 0,45 % à 11
326,56.