Agostino, âgé de treize ans, coule un bonheur innocent sur la plage aux côtés de sa mère, dont il est si fier. Un jour pourtant survient un jeune homme aux avances duquel, à la grande surprise de son fils jaloux, elle répond et, de mère, se métamorphose sous ses yeux en une femme, sensuelle. Oublié, délaissé, Agostino cherche à s'intégrer dans un groupe de jeunes garçons issus du milieu populaire, qui vont lui ouvrir les yeux sur sa différence sociale, la violence et surtout la sexualité. Bouleversé, Agostino ne peut plus considérer sa mère avec sa naïveté candide de jadis : pas encore un homme mais plus tout à fait un enfant, il a hâte de quitter cet âge difficile où la réalité se fait jour.
"Ce qui l'offensait le plus n'était pas tellement le fait de s'être vu préférer le jeune homme, mais bien l'empressement joyeux d'un genre particulier que sa mère avait mis à accepter cette invitation. C'était comme s'il y avait eu préméditation, comme si elle avait depuis longtemps décidé en elle-même de ne pas laisser échapper pareille occasion, de s'en saisir sans hésitation le cas échéant, comme si pendant toutes leurs promenades ensemble elle s'était ennuyée, n'était allée avec lui que faute d'une compagnie meilleure." (p. 40)
Très beau texte poétique que ce court roman d'apprentissage, où son jeune héros est tourmenté par sa vision nouvelle de sa mère, non plus immaculée mais chargée d'une forte tension érotique. S'inspirant de Marx pour dénoncer la différence de classes, Alberto Moravia se nourrit du complexe d'Oedipe analysé par Freud pour penser la relation de cet adolescent avec sa mère.
A lire, impérativement, en particulier en été, sur la plage, comme nos héros. C'est donc le moment !