En pleine vague de désengagement, marquée par sa sortie du Chili et des États-Unis, le groupe espagnol BBVA créait il y a quelques jours la surprise avec son débarquement en Italie. Son offre, capable de rivaliser sérieusement avec les néo-banques les plus abouties, illustre son impressionnante capacité à appréhender les enjeux « digitaux ».
Certes, ses origines lui procurent des possibilités et des moyens que ne possèdent pas la plupart des startups. Il n'en reste pas moins que, dès son démarrage, la petite dernière embarque une palette de produits et services qui, par son alignement avec les besoins des consommateurs de notre époque, la place d'emblée loin devant toutes les aventures 100% en ligne tentées par les établissements traditionnels et une bonne partie de celles émanant de nouveaux entrants, stars internationales du domaine comprises.
Commençons par les bases. Première promesse, le processus d'enrôlement, entièrement à distance, bien sûr, prend à peine plus de 5 minutes. Le socle gratuit comprend un compte courant et sa carte de débit (muette, ses informations et le CVV, dynamique, sont accessibles dans l'application mobile), les virements SEPA instantanés jusqu'à 1 000 euros (6 000 euros dans leur version ordinaire) et les retraits dans l'ensemble de la zone euro, au-dessus de 100 euros (une restriction originale afin de limiter les abus).
Parmi les petits plus, citons l'équipe locale prête à répondre aux questions des clients, 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, au téléphone ou via la messagerie privée intégrée. Ou encore le programme de parrainage, probablement indispensable pour le démarrage. Et, en vue d'encourager son utilisation comme compte principal, la carte de BBVA Italie inclut pendant un an un mécanisme de récompense (« cashback »), à hauteur de 1% des dépenses réalisées (plafonnées à 250 euros), avec un accélérateur le premier mois.
Vient ensuite une collection de services qui, aussi utiles soient-ils, ne sont, à ce jour, proposés que par des acteurs tiers spécialisés ou, à tout le moins, ne sont jamais tous rassemblés au sein d'une même solution. Il s'agit d'abord des options d'épargne. L'utilisateur est invité à constituer jusqu'à 3 « tirelires numériques », qu'il associe à ses projets d'avenir et dont il va pouvoir programmer l'alimentation, selon 3 modes distincts (les classiques arrondi des achats, fraction du salaire et seuil sur le solde du compte).
Par ailleurs, dans le registre du financement, BBVA Italie incorpore un module de paiement fractionné. Afin d'en profiter, il suffit de sélectionner, dans l'historique des 90 jours précédents, un maximum de 5 transactions éligibles (supérieures à 50 euros, pour un total qui ne peut dépasser 1 500 euros) puis de choisir les conditions souhaitées pour obtenir instantanément leur échelonnement sur 3, 5 ou 10 mensualités, facturé à un prix modéré, totalement transparent. Enfin, les clients ayant domicilié leurs revenus disposeront également, en quelques gestes, d'une facilité d'avance de salaire.
Derrière l'apparente banalité du lancement d'une offre « digitale », BBVA réussit l'exploit de redéfinir ce que devrait être une banque en 2021, combinant dans une plate-forme homogène et cohérente l'état de l'art du secteur, jusqu'à présent dispersé dans des outils autonomes, au service des consommateurs et de leurs attentes d'accompagnement financier. Il lui manque encore une dimension de conseil personnalisé, mais on peut espérer qu'elle ne tardera pas à faire son apparition. Il reste désormais à voir où l'institution espagnole conduit sa stratégie : l'envahissement de l'Europe est-il en vue ?